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VENISE 2022 Compétition

Kōji Fukada • Réalisateur de Love Life

“Pour moi, les gens sont et restent seuls, quels que soient la famille, la religion ou la communauté qui les entourent”

par 

- VENISE 2022 : Pour traiter du sujet de la solitude, le scénariste et réalisateur japonais a décidé d’être cruel avec ses personnages, mais sans les priver d’espoir ou d’amour

Kōji Fukada • Réalisateur de Love Life
(© Kazuko Wakayama)

Dans Love Life [+lire aussi :
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interview : Kōji Fukada
fiche film
]
, présenté en compétition à la 79e Mostra de Venise, Kōji Fukada raconte une tragédie familiale et le processus de deuil qui s'ensuit, bouleversant et dur, mais non sans une petite lueur d’espoir. Comme il nous l’a dit, le parcours qui a donné lieu à ce film a commencé avec par chanson que le scénariste et réalisateur japonais a entendue il y a environ 20 ans, et qui ne l'a plus quitté depuis.

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Cineuropa : Pouvez-vous nous parler de l'embryon à partir duquel ce film s'est développé et du choix du titre ?
Kōji Fukada : Le titre Love Life vient d'une chanson de l’auteure-compositrice japonaise Akiko Yano. J’ai entendu cette chanson pour la première fois quand j’avais vingt ans, et je n’ai pas cessé de l’écouter depuis. Il y a sept ans, j’ai commencé à écrire ce film. Dans chacun de mes films, j’essaie d’exprimer mes sentiments et convictions sur de grands sujets et de grandes émotions. Dans celui-ci, l’amour et la solitude sont au centre. Pour moi, tout le monde est somme toute seul, en dépit de la famille ou de la religion ou toute autre communauté qui vous entoure. Alors pourquoi ce titre, Love Life ? Parce que je pense qu’on peut connecter sa solitude avec celle de quelqu’un d’autre et nouer une relation fondée sur l’amour. J'ai aussi choisi ce titre parce que j’aime énormément cette chanson.

Vous souvenez-vous lequel de vos personnages vous est venu en premier, en composant cette histoire ?
Taeko, la mère, a été la première, puis son fils Keita. Encore une fois, tout est parti de cette chanson : quand j’ai entendu les paroles, la première fois, je pensais que c'était les mots d'une femme s'adressant à son amant. C’est peut-être le cas, mais petit à petit, je les ai aussi lues comme les mots d’une mère à son enfant. Très vite après ça, Taeko et Keita me sont venus à l'esprit.

Vous avez aussi intégré au film un personnage sourd dans un rôle très central. Qu’est-ce qui vous a donné cette idée ?
L’idée m’est venue en 2018, à un festival spécial organisé à Tokyo, dédié à la surdité et ses expressions. J’ai été invité à un des ateliers tenus dans ce cadre, où j’ai beaucoup d’occasions de rencontrer et d’interagir avec des gens sourds, et très vite, je me suis mis à me demander : pourquoi n’ai-je encore jamais mis un personnage sourd dans un film ? Soudain, je me suis senti intrigué par la notion de langage des signes – c'est vraiment tout un langage à lui seul, et c'est qui plus est très intéressant de travailler avec, d’un point de vue visuel. Cet élément m’a amené à l’inclure dans le film. Par le biais des gens que j'ai rencontrés à cet atelier, je suis entré en contact avec Atom Sunada, qui joue le personnage sourd (Park, l'ex-mari de Taeko). Il est aussi sourd dans la vraie vie.

Une chanson, un atelier : quelles autres choses inspirent vos récits ? On dit souvent que vous êtes un grand admirateur d'Éric Rohmer.
Oh, si seulement j’avais plus de sources d’inspiration, ce serait tellement plus facile d'écrire les choses. Mais vous avez tout à fait raison : Éric Rohmer est souvent avec moi, et je relis souvent ses textes pendant mon travail d’écriture.

On vous cite aussi parfois comme un des gardiens modernes de la tradition Yasujiro Ozu. Love Life s’ouvre même sur un plan où l'on voit du linge qui sèche, ce qui est très dans la lignée de ce cinéaste et de ses films.
Disons qu'il me vient parfois à l’esprit, oui. En même temps, c’est un des vrais grands, ce qui n’est pas mon cas. Je dirais que nous apprécions tous les deux les histoires familiales, et que nous pouvons tous les deux être assez cruels vis-à-vis de nos familles. Mais nous leur offrons aussi de temps en temps une lueur d’espoir.

Comment se sont passés vos échanges avec Akiko Yano, si vous en avez eus ? Comment a-t-elle réagi à votre choix de titre et à l’inspiration fournie par sa chanson ?
Elle a dit qu'au moment où elle lance une chanson, il lui échappe immédiatement. Quand elle a entendu parler de mon idée, elle a été très contente. "Maintenant, cette chanson va faire tout un autre voyage !", a-t-elle dit. Je lui ai envoyé le film, et je pense qu’elle l'aime bien.

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(Traduit de l'anglais)

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