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VENISE 2022 Compétition

Andrea Pallaoro • Réalisateur de Monica

"C’est l’histoire d’une femme qui revient dans sa ville natale"

par 

- VENISE 2022 : Avec l’aide des comédiennes Trace Lysette and Patricia Clarkson, le réalisateur italien explore le thème du pardon

Andrea Pallaoro • Réalisateur de Monica

Monica (Trace Lysette) est belle, et aussi assez triste, et peut-être qu’elle se sent seule, car elle ne cesse d'appeler son ex petit ami, qui ne décroche jamais et lui a déjà dit d’arrêter. Quand elle découvre que sa mère (Patricia Clarkson) est malade, elle décide de rentrer chez elle. Sauf que sa mère ne l’a jamais rencontrée, du moins pas en tant que femme. Nous avons interviewé le réalisateur Andrea Pallaoro à propos de son film Monica [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Andrea Pallaoro
fiche film
]
, qu'il a présenté à Venise en compétition.

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Cineuropa : Avez-vous toujours su que votre caméra serait aussi proche de Trace ? C’est presque invasif, par moments.
Andrea Pallaoro : Je voulais faire ça depuis le début. À vrai dire, cette approche est intimement connectée au format 1:1 qu’on a choisi. Nous voulions que les gens soient proches d’elle, physiquement et émotionnellement, si près qu’on peut entendre ses pensées. C'était ça l’élan principal, pour moi, en faisant Monica. L'idée était d’explorer un état émotionnel très spécifique, pas juste de raconter cette histoire.

Quelle allure vouliez-vous qu’elle ait ? Monica n’est pas toujours maquillée ; elle n’est pas toujours "parfaite". Elle n'en fait pas trop non plus.
Je voulais qu’elle soit un être humain, avant tout. Je voulais l’observer et être avec elle dans ces moments d'intimité, quand elle est le plus vulnérable, pas seulement quand elle a toute son armature. Ce sont toujours ces moments-là qui sont les plus intéressants à passer avec un personnage dans un film, du moins je le crois.

Le thème du pardon est au coeur du film. Beaucoup de gens ne seraient pas capables de pardonner comme elle le fait, pas à un parent qui vous dit qu'il ou elle ne peut plus être votre parent.
Je pense que c’est une des choses les plus blessantes qu’on puisse possiblement imaginer et traverser. C'est ce qui fait que Monica est une héroïne moderne. Elle constitue un exemple pour tout le monde. Elle parvient à accepter les blessures de son passé, à pardonner, et elle le fait avec énormément de générosité et de courage. J’ai vraiment de l’admiration pour elle, vous savez ? À travers elle, je vois une manière de panser mes propres plaies.

Vous travaillez très bien avec les actrices, semble-t-il – c’était également le cas avec Charlotte Rampling dans Hannah [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, qui a également été projeté à Venise. Vous pensez-vous bien équipé pour parler des femmes ?
Ce qui est essentiel, c’est d’établir un profond lien de confiance. C’est la seule manière d'arriver à explorer différentes choses comme je le souhaite dans mes films. C’est la seule manière de faire ce saut. Les comédiens, femmes et hommes, peuvent se sentir très vulnérables quand ils travaillent ; s'ils vous font confiance, ils vont plus loin. C’est exactement ce dont j’ai besoin dans mes films. Apprendre à se connaître d’abord et se dévoiler l’un à l’autre est une part importante de ce travail. Une fois qu’on est sur le plateau, après toutes les conversations qu’on a eues avant, on continue d’essayer des choses, et on joue, mais cela ne peut se produire que s'il y a cette confiance.

Pourquoi aviez-vous envie de parler de l’expérience trans ? Ce qui est intéressant, c’est que vous ne montrez pas les difficultés qu'a pu avoir Monica : elle a déjà survécu à ça. Elle est plus à l'aise avec elle-même maintenant.
Je suis ravi que vous disiez ça, parce que c’est très important. Le fait que Monica soit trans n’est pas au centre de l’histoire : le film parle d’une femme qui revient chez elle. On ne voit pas les difficultés qu’elle a pu connaître dans le passé, on ne peut que sentir qu'elle en a eu. Je suis fasciné par les traumatismes causés par l’abandon. Quand je dis "abandon", je parle aussi de la situation où on n'est pas accepté ou reconnu pour la personne qu’on est vraiment, surtout par les parents. C’est quelque chose que tout être humain a vécu, dans une certaine mesure, certains beaucoup plus que d’autres, de sorte que tout le monde peut comprendre quel effet cela fait. C’est ce qui rend l'histoire de Monica aussi universelle. À travers elle, peut-être que les gens vont arriver à accepter leurs propres dynamiques familiales compliquées.

Surtout entre mères et filles. Vous avez assemblé un duo assez inhabituel ici, en réunissant Trace et Patricia Clarkson. Elles sont très différentes, mais elles vont bien ensemble.
Quand j’ai enfin rencontré Trace (et il a fallu longtemps pour la trouver), une fois que j'ai su qui était Monica et quel genre de parcours on allait faire ensemble, je me suis mis à penser à Patty. Elles ont des approches différentes du jeu d’acteur, mais elles se complètent très bien, ce qui a créé une friction intéressante.

On a l’impression qu’elles ont toutes les deux un secret.
Oui ! Et si le public a envie de faire un peu de travail lui-même, ce secret est ce qui maintient son intérêt tout du long. Quand on voit les moments que ces deux personnages partagent, on a presque l’impression d'être un intrus. On se dit : "Je ne devrais pas regarder ça".

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(Traduit de l'anglais)

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