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VENISE 2022 Compétition

Rebecca Zlotowski • Réalisatrice de Les Enfants des autres

“J’ai eu le sentiment que Rachel était la personne que je devais être à un moment donné, et que je ne pouvais pas être”

par 

- VENISE 2022 : Nous avons rencontré la réalisatrice française, qui a imaginé son dernier long-métrage comme une confrontation cinématographique avec l’infertilité féminine

Rebecca Zlotowski • Réalisatrice de Les Enfants des autres

Quand Rachel (Virginie Efira) rencontre Ali (Roschdy Zem), il a déjà un enfant. Rachel se retrouve à un tournant : à 40 ans, est-elle sûre de vouloir un enfant ? Et s'il était trop tard ? Les Enfants des autres [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Rebecca Zlotowski
fiche film
]
, qui a fait sa première en compétition à la 79e Mostra de Venise, représente pour Rebecca Zlotowski une quête de réponses sur la question, nous a-t-elle confié lors de notre entretien.

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Cineuropa : L'héroïne de votre film a 40 ans. Elle se sent épanouie dans sa carrière comme ses hobbies, et la voilà qui remet en question son choix quand à l'idée d'avoir des enfants – ce qui correspond au scénario qu'on jette à la face des femmes quand elles essaient de prendre une décision sur leurs droits reproductifs.
Rebecca Zlotowski :
Je ne pense pas que le personnage dérive dans cette direction. Elle est épanouie dans sa vie, mais quand elle rencontre un nouveau partenaire, qui a un enfant, elle ressent des désirs nouveaux. Quand on arrive à la fin de sa période de fertilité, quand le choix devient une impossibilité, cela crée des désirs nouveaux. Ce n’est pas l’histoire de quelqu’un qui change d’avis, mais d'une femme qui ne s'est jamais posé la question, parce qu’elle avait l’impression d’avoir toute la vie devant elle. Sauf que la vie lui dit que ce n’est pas le cas.

Vous vous êtes inspirée pour composer cette histoire du roman Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable de Romain Gary, où un homme a des problèmes d'impuissance.
L’idée de départ était d’adapter le roman pour Roschdy Zem. Le titre me parlait parce que je faisais moi-même l’expérience de la fin de ma propre période de fertilité. J’étais en train de passer le cap des 40 ans, sans enfant et j’en voulais un. J’ai regardé autour de moi, pour voir s'il y avait un film sur ce sujet, et je n’ai pas pu en trouver, et donc j'ai décidé de faire ce film.

C'est frustrant qu'en tant que femme, on ait cette horloge biologique dont les aiguilles continuent de tourner inexorablement, comme une épée de Damoclès au-dessus de vous.
Et c'est injuste. Sur l'impuissance masculine, on ne pourrait plus faire ce film maintenant, parce qu’il y a le Viagra. Le problème a été résolu : on peut avoir une érection, même à 70 ans. Mais c’est toujours un problème si on veut avoir des enfants après 40 ans.

Une des situations problématiques du film, c’est que le personnage de Roschdy Zem fréquente encore son ex, pour l’enfant.
Oui, c’est déconcertant, mais c’est aussi compréhensible. La question qui se pose tout au long du film est la suivante : que faut-il laisser derrière soi afin d’avancer dans la vie ? Mon héroïne a encore des comptes à régler avec le fait qu'elle était orpheline, et c’est pour cela qu’elle ne peut pas être mère. Cela dit, elle est enseignante, donc au bout du compte, elle choisit d'avoir des enfants temporaires : ses élèves.

Un autre motif se présente dans cette famille patchwork : qu'est-elle autorisée à ressentir pour cet enfant qui n’est pas le sien.
Elle essaie d’être très morale et pleine de dignité. Elle aborde la question directement avec l’enfant, quand il faut lui annoncer qu'ils ne se verront plus. J’ai eu le sentiment qu'elle était la personne que j’aurais dû être à un certain moment, mais je n'ai pas pu être. À travers ce film, je voulais serrer la main aux gens qui avaient, peut-être, vécu la même chose.

Vous adoptez dans ce film un point de vue féminin : ici, c'est la femme qui va pouvoir observer le corps masculin, comme quand elle le regarde tandis qu'il prend sa douche.
J’avais tout simplement l’impression que c’était une scène que je n’avais jamais vue. C’est toujours les mecs qui regardent la fille le lendemain. Je trouvais que Virginie avait une manière particulière de jeter des coups d'oeil aux hommes. Et je voulais filmer le corps de Roschdy. Son corps n’avait jamais été filmé, donc je l’ai demandé d’être nu. Il était très timide, mais ensuite il a compris exactement ce que je voulais. Je ne vais pas me vanter non plus et dire que c’est une révolution en matière de regard féminin : c’est juste mon regard.

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(Traduit de l'anglais)

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