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BLACK NIGHTS 2022 Compétition Premiers films

Titas Laucius • Réalisateur de Parade

“L’Église est une institution statique et le film reflète ça"

par 

- Le réalisateur lituanien embarque ses personnages dans une odyssée à travers les structures de l’Église catholique

Titas Laucius • Réalisateur de Parade

Titas Laucius présente son premier long-métrage, Parade [+lire aussi :
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interview : Titas Laucius
fiche film
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, dans le cadre de la compétition Premiers Films du Black Nights Film Festival. Il s’agit d’une comédie dramatique extrêmement intelligente qui soulève de nombreuses questions sociales importantes liées à la famille et à la foi. Nous avons interviewé le réalisateur sur ce qui lui a inspiré cette histoire, sa connexion personnelle avec la religion et ses souvenirs en tant que membre d'une fanfare.

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Cineuropa : D'où vous est venue l’idée de cette histoire ?
Titas Laucius : De mes parents. Ils ont divorcé et se sont retrouvés dans une situation similaire. Mon père voulait se marier à l’église une deuxième fois, alors il a dû passer par cette procédure, qui lui a pris un an. Ils ne m’en ont parlé que quand ils en étaient presque au bout, et ça m’a stupéfait. Je ne voulais pas faire un film sur mes parents, parce que ça me paraissait trop personnel.

Comment avez-vous enquêté sur la procédure d'’annulation de mariage dans le monde catholique ?
Je connais quelques personnes qui ont plus ou moins vécu la même chose. Je ne l’ai appris qu’après avoir commencé à travailler sur le film. J’ai parlé aux gens autour de moi de mon projet, et c’est là qu’ils ont révélé ce qu’ils avaient vécu. J’ai été ébahi par le fait que tout le monde sait comment ça marche, mais que personne n’en parle. J’ai assemblé leurs expériences et j’ai aussi rencontré des prêtres, pour demander plus de détails. Ils m'ont parlé des témoins qui sont nécessaires pour ces affaires de divorce. J’ai aussi appris qu’il y a eu une certaine modernisation au fil des ans. Depuis environ 2018, les affaires de divorce n’ont plus besoin d’être envoyées dans les bureaux du Pape. Les juges ont pas mal d'influence sur le résultat. Tout dépend d'eux et s'ils croient vos arguments. Au début, je trouvais que c’était assez drôle, et puis je me suis rendu compte à quel point c’était sérieux. Si la religion est importante pour vous, c’est une procédure éprouvante.

Comment décririez-vous le statut de l’église en Lituanie et quel lien avez-vous avec la religion ?
Je dirais qu'elle n’est pas aussi puissante qu’en Pologne, par exemple. Elle a un niveau d’importance différent selon les générations, plus élevé pour les plus âgés, qui y sont encore très attachés, que pour les jeunes, qui aiment jouir de plus de liberté. Cela dit, beaucoup de gens de la jeune génération veulent tout de même se marier à l’église. J’ai des amis proches qui l'ont fait, et j’étais là à leurs séances préparatoires avec le prêtre, parce que ça s'est passé en ligne. J'ai trouvé vraiment intéressant d’entendre le type de question que le prêtre pose. Et je me suis rendu compte qu'il est très difficile de savoir si les réponses des gens sont vraiment sincères, quand on leur demande quelle importance a la religion pour eux. Quant à moi, je viens d’un milieu catholique, mais je ne vais pas à l’église. Avant le film, je pensais que c’était n’importe quoi, de faire tous ces efforts pour se marier à l’église, mais après avoir travaillé sur ce sujet et parlé à des gens, je ne suis plus totalement contre. Les rituels sont importants pour les gens, et se marier à l'église est un rituel puissant.

Pourquoi avez-vous choisi une fanfare comme élément narratif ? Y a-t-il un aspect autobiographique dans ce choix ?
Oui, j’ai moi-même joué dans une fanfare pendant dix ans. À un moment, en écrivant le scénario,, je me suis rendu compte qu’il manquait une connexion personnelle dans l'histoire. Je me suis alors remémoré mon expérience comme musicien de fanfare. J’ai lu le journal intime que j’écrivais à l’époque, avec mes souvenirs de quand j'avais 15 ou 16 ans. Je décrivais les représentations en concert comme des scènes de film de guerre. En tant que membres de la fanfare, le plus souvent, nous ne savions pas exactement où nous allions et à quelle occasion nous jouions. Il y a une similitude entre les jeunes qui jouent dans la fanfare et les gens qui entament la procédure de divorce devant un tribunal catholique : ils ne savent pas vraiment pourquoi ils font ce qu’ils font, mais ils continuent de le faire, sans se rappeler vraiment pourquoi c’est important.

Vous utilisez principalement une caméra fixe. Quels étaient les aspects les plus importants de votre appréhension visuelle du film ?
Mon film de fin d'études a été tourné caméra à l’épaule. De fait, le tournage a été super rapide. À l'époque, je me suis dit que c'était la forme la plus adaptée pour ce film, qui reposait à 100 % sur l’improvisation. Pour Parade, une caméra fixe convenait mieux au sujet. L’Église est une institution statique, l'image reflète cela. Je pense que les plans fixes sont drôles aussi.

Quels obstacles avez-vous rencontrés en produisant ce film ?
La post-production a été difficile, parce que nous devions enregistrer la fanfare, or ils n'avaient pas joué la comédie pendant le tournage : ils se contentaient de jouer n’importe quoi, c'est complètement dissonnant. Donc mes amis et moi avons fait la musique après, j’étais parmi les musiciens.

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(Traduit de l'anglais)

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