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France

Jean-François Le Corre • Producteur, Vivement Lundi !

"Le revival de la stop-motion est mondial"

par 

- Le pilote de la société française décrypte le retour en force de l’animation stop-motion à laquelle Unifrance consacre pour la première fois un focus dans le cadre du Festival du Film Français à Yokohama

Jean-François Le Corre • Producteur, Vivement Lundi !

Le focus dédié par Unifrance à l’animation stop-motion "made in France" dans le cadre du 30e Festival du Film Français à Yokohama (du 1er au 4 décembre) fera la part belle à la société rennaise Vivement Lundi ! pilotée par Jean-François Le Corre. En effet, figurent notamment au programme ses productions Interdit aux chiens est aux Italiens [+lire aussi :
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d’Alain Ughetto et, côté courts métrages, Mémorable de Bruno Collet (nominé à l’Oscar 2020) et Les Liaisons foireuses de Chloé Alliez et Violette Delvoye, qui ont été intégralement ou en partie réalisées par son studio Personne n’est parfait ! (dirigé par Mathieu Courtois) tout comme Les Filles du vent de Héloïse Ferlay (dont un autre court à l’affiche, À la mer poussière, est distribué par Vivement Lundi !).

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Rencontre avec Jean-François Le Corre (qui compte aussi entre autres à son actif récent Yuku et la fleur de l’Himalaya [+lire aussi :
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d’Arnaud Demuynck et Rémi Durin, la série Dimitri et le multiprimé Flee [+lire aussi :
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de Jonas Poher Rasmussen) pour évoquer ce véritable "revival" de l’animation stop-motion.

Cineuropa : La stop-motion est une technique d'animation très particulière. Qu'engage-t-elle en termes de compétences techniques, de temps de fabrication, etc. ?
Jean-François Le Corre : Même si la stop-motion est une technique d’animation, la fabrication d’un film en marionnettes animées est plus proche de celle d’un film de fiction "live" tourné en studio que d’un dessin animé, mais, comme dans un film d’animation digital, tout doit être fabriqué : des marionnettes au plus petit accessoire. Un tournage en stop-motion va impliquer un directeur photo, un chef décorateur et une équipe déco conséquente, des costumières, de nombreux assistants, une post-production numérique conséquente. Au générique d’un film comme Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto, on dénombre une centaine de collaborateurs artistiques. L’une des spécificités est le travail avec des animateurs de marionnettes qui vont produire de 3 à 6 secondes utiles par jour et par animateur. C’est un métier d’une grande précision, physiquement difficile, et les chefs animateurs en stop-motion restent peu nombreux en Europe. Peter Lord, l’un des créateurs du studio Aardman, dit que ce qui fait la beauté de l’animation stop-motion, c’est que sur l’écran, on sent la présence de l’animateur derrière la marionnette.

Cette importance des équipes et les temps de fabrication et de tournage très longs ont pour conséquence un coût de production élevé qui impose aux producteurs français de monter des plans de financements de 8 à 12 millions d’euros. Les sociétés européennes maîtrisant cette ingénierie de financement et de fabrication sont rares et travaillent souvent en coproduction internationale.

Pourquoi ce revival de l’animation stop-motion "made in France" ?
Le revival de la stop-motion est mondial et la communauté stop-motion attend avec impatience la diffusion du Pinocchio de Guillermo del Toro qui crée déjà un vrai buzz autour du cinéma en stop-motion. Une dizaine de longs métrages et de séries en stop-motion sont en développement avancé et/ou en production en Europe. Depuis 25 ans que je travaille avec cette technique, je n’ai jamais vu ça !

En France, nous avons un rapport paradoxal à l’animation stop-motion. Nous avons oublié que Le Manège enchanté, série culte au Royaume-Uni et qui a permis à la BBC de développer son département merchandising dès la fin des années 60, est une création originale du français Serge Danot. À la fin des années 90, début 2000, les diffuseurs français nous disaient que la stop-motion était morte, que la 3D générée par ordinateur allait tout supplanter… alors qu’au même moment, Nick Park créait Wallace et Gromit qui fédérait des millions de spectateurs en prime-time sur la BBC !

Une poignée de sociétés de production (Vivement Lundi ! et JPL Films à Rennes, Folimage à Valence…) a maintenu les compétences dans l’Hexagone en produisant des courts métrages, des spéciaux TV et en formant de nouveaux talents. Puis, sont arrivés la série franco-belgo-suisse Dimitri (2014) créée par Agnès Lecreux et le long métrage helvéto-français Ma Vie de Courgette [+lire aussi :
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de Claude Barras (2015) qui ont donné plus de visibilité aux créations en stop-motion. Ces oeuvres ont, en quelque sorte, "déringardisé" la stop-motion en France. Elles sont aussi arrivées à un moment où nous avons senti une forme d’essoufflement créatif de la 3D CGI et une demande d’une partie du public pour un cinéma d’animation moins "dématérialisé", plus tangible. Ces productions nous ont redonné confiance, ont fait grandir les équipes et ont ouvert des portes. Aujourd’hui, Foliascope à Valence tourne le long métrage The Inventor de l’Américain Jim Capobianco, nous travaillons en production exécutive pour Nadasdy Film et Haut et Court sur Sauvages (le nouveau film de Claude Barras) et Interdit aux chiens et aux Italiens sortira dans les salles françaises le 25 janvier prochain. Et sur le plan audiovisuel, France Télévisions s’est engagée sur le développement de la série jeunesse franco-japonaise Mogu & Perol (produit par Zephir et Dwarf Animation) pitchée au dernier Cartoon Forum. Pour faire face à cette demande, il va falloir former une nouvelle génération de techniciens et accélérer la transition écologique de cette technique. L’Ecole Européenne Supérieure d’Art de Bretagne (EESAB) et Films en Bretagne, en partenariat avec les studios bretons, viennent de déposer au CNC l’ambitieux projet Génération Start Motion dans le cadre de l’appel à projets "France 2030 – la grande fabrique de l’image".

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