email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SUNDANCE 2023 Compétition World Cinema Dramatic

Marija Kavtaradze • Réalisatrice de Slow

“Mon objectif était de raconter une histoire d’amour”

par 

- Dans ce film, qui relate une histoire d’amour touchante entre une danseuse contemporaine et un interprète en langue des signes, la réalisatrice lituanienne laisse les corps parler

Marija Kavtaradze  • Réalisatrice de Slow

Vous pourriez vous dire que vous connaissez déjà l’histoire : deux personnes se rencontrent et sont fascinées l’une par l’autre. Jusque là, tout va bien. Sauf que la danseuse contemporaine Elena (Greta Grinevičiūtė) est stupéfaite de découvrir que Dovydas (Kęstutis Cicėnas), interprète en langue des signes, est asexuel. Ils décident néanmoins de devenir un couple, partageant amour, intimité et un goût prononcé pour les blagues nulles sur les fils de téléphone. Nous avons interviewé la réalisatrice Marija Kavtaradze sur ce film, Slow [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Marija Kavtaradze
fiche film
]
, en lice à Sundance dans la section World Cinema Dramatic.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Un de vos personnages est asexuel, ce qu’il affirme nettement au tout début, mais Slow ne parle pas vraiment de cela, en fait : c’est une histoire d’amour, avec un jeune couple qui apprend à se fonctionner ensemble.
Marija Kavtaradze : Exactement. Je suis contente que ce soit ce que vous avez ressenti. C’était mon objectif : raconter une histoire d’amour. Le fait qu’il soit asexuel est important, et j'ai essayé d’être respectueuse de cela. J’ai bien fait mes recherches sur la question, mais quand j’ai eu fini d’écrire le scénario, il était clair pour moi que le sujet n'était pas le sexe, mais les autres problèmes qu’ils ont.

Au début, quand je parlais de cette idée, beaucoup de gens disaient : "Il est asexuel ? Ça ne va jamais fonctionner". Mais ça ne l'empêche pas d'avoir envie de vivre une histoire d’amour ! Je me suis rendu compte que les gens comme Dovydas doivent continuellement s'expliquer. Je ne peux qu’imaginer combien ce doit être agaçant, donc ce que je voulais faire dans mon film, c’était ne pas remettre en question son choix, jamais. Il sait qui il est, c’est pour cela qu’il le dit aussi tôt dans l’histoire, et j’aime ce personnage justement pour ça. Ainsi, à elle de prendre sa propre décision.

Cela dit, ça reste un film sur les corps, la danse, le mouvement, le toucher. Ils expriment tous les deux tellement, à travers le corps.
La danse est son langage à elle. Pour lui, il est plus facile de s’exprimer en langue des signes, parfois. Je pense à vrai dire que le moment où il est le plus vulnérable, c'est quand il traduit des chansons d’amour. L’une d’elle marque le début de la deuxième partie du film, d’une certaine manière. On comprend que du temps a passé mais on ne sait pas combien. J’aime vraiment beaucoup cette chanson. C’est fou comme elle est romantique. La manière dont il la traduit est si précise ! Ces interprète ont besoin d’exprimer le rythme, l’humeur, le ton.

C’est une danse, ça aussi.
Oui ! Je voulais trouver une manière de regarder les corps qui ne serait pas trop sexuelle, mais qu'on sente tout de même leur présence.

Je suppose que vous avez dû vous assurer que malgré tout (malgré le fait qu’il ne ressent aucun désir), les gens trouvent crédible qu'il y ait quelque chose entre eux. Il vous fallait créer une alchimie palpable. Combien de temps vous a-t-il fallu pour arriver à ça avec vos comédiens ?
J'ai d'abord embauché Greta, et ensuite, quand on a rencontré Kęstutis, on a tous passé un très bon moment au casting. Je savais qu’il y aurait de l’alchimie entre eux, mais je savais aussi qu’il faudrait qu'elle soit un peu différente. Romantique, mais en même temps amicale, parce qu’ils ont cette connexion spéciale qui va au-delà de la pure sexualité. Ce qui nous a le plus aidé, c’est que nous avions du temps : je les ai castés deux ans avant qu'on ne tourne et nous avons travaillé très étroitement ensemble après ça. Ils rendent ce film spécial, je pense.

Vous suggérez que par exemple, à cause de l'éducation qu'elle a eue, elle a peut-être des soucis dans sa perception de son propre corps, mais il y a quelque chose de très joyeux dans la manière dont elle aborde le sexe.
Elle n’est pas très sûre d’elle-même. Elle dit qu’elle ne veut pas de relation amoureuse, mais ensuite elle tombe tout de même amoureuse de lui, par exemple. Ça m'agace, quand je vois beaucoup de "personnages féminins désespérés" qui sont soit punies parce qu’elles veulent des choses ou forcées de trouver un mari. Ce sont les deux seuls dénouements qu'on tend à voir, et je voulais lui donner quelque chose d’autre – par exemple une rencontre de hasard  dont on sent qu'elle va être sympa pour elle. Elle s’amuse bien.

Avec les histoires d’amour, tout tend à être toujours trop mignon : les personnages, leur métier insolites, leurs appartements. Était-ce votre intention dès le départ, d'aborder leur vie plus honnêtement ?
Eh bien, j’ai bel et bien ici un interprète en langue des signes et une danseuse, ce sont des métiers assez intéressants aussi [rires], mais oui, en effet, je voulais que tout fasse très naturel. Le film se passe à Vilnius, et j’ai même imaginé où ils vivraient s'ils existaient, comment ils s'habilleraient, combien ils seraient en mesure de dépenser en loyer. Il était important aussi de ne pas trop exagérer. Il fallait que je puisse croire moi-même que c’était de vraies personnes, vivant dans de vrais appartements. Même si je dois reconnaître que tourner en 16 mm nous a aidés à romanticiser un peu l’histoire, ça ajoutait une touche nostalgique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy