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BERLINALE 2023 Compétition

Lila Avilés • Réalisatrice de Totem

“Penser à la mort, c’est penser à la vie”

par 

- BERLINALE 2023 : La réalisatrice mexicaine trouve une beauté aux derniers adieux

Lila Avilés • Réalisatrice de Totem
(© Limerenciafilms)

La réalisatrice mexicaine Lila Avilés, à laquelle on doit aussi La camarista, quitte à peine la maison à présent. Du moins dans son nouveau film, Tótem [+lire aussi :
critique
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interview : Lila Avilés
fiche film
]
, en compétition à la 73e Berlinale, toute la famille et les amis proches se réunissent pour fêter un anniversaire, ou peut-être pour dire au revoir. Tona est malade, il souffre, mais il a apporté de la joie dans tant de vies, y compris celle de ses jeunes enfants, et maintenant, le moment est venu de lui rendre ce qu’il a donné.

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Cineuropa : Ça va paraître cliché de dire ça, mais vous proposez ici un film sur la mort qui est en réalité plein de vie. Est-ce que ça a été difficile, de trouver toute cette chaleur dans une histoire qui est en fait assez triste ?
Lila Avilés : Je pense que la vie est un trésor. Cependant, on ne le voit ou ne le ressent pas toujours. Nous avons cette planète qui est totalement formidable, elle est géniale bordel : on est entouré de toute cette beauté, et c’est exactement pareil pour cette maisonnée. Les choses qui nous entourent peuvent être si précieuses, même quand elles sont très simples. Nous aussi, nous sommes simples, nous sommes humains. Ça fait partie de notre charme. Hélas, on peut être tellement jusqu'au cou dans son travail, dans les structures sociales, qu’on oublie qu’on fait aussi partie de cette conscience sociale.

On regarde autour de nous et on dit : "OK, ceci est une table, ceci est une tasse". Faire tout cela nous donne un sentiment d’ordre, mais tout n’a pas besoin d’être organisé. Parfois, la seule chose qui compte, c'est de pouvoir respirer. Et quand on est dans de moments de grande fragilité, il faut les chérir aussi.

Mais les gens trouvent difficile de parler de la mort, du deuil. Ici, tout le monde semble l’accepter. Ils ne font pas semblant que tout va bien, ils voient la douleur de Tona. Ils sont honnêtes.
Regardez-moi, maintenant tout de suite : je donne une interview, je suis toute philosophique et polie. Mais je peux aussi être assez agressive. Il y a de nombreuses strates dans nos comportements, dans nos relations avec la famille et les amis. Vous connaissez le groupe Buena Vista Social Club ? Ils étaient formidables, et puis ils se sont séparés. Un jour, quelqu’un a demandé à l'un d'entre eux, alors qu'il était déjà assez vieux, pourquoi ils s'étaient séparés, et il a dit : "Je ne sais plus !

Parfois, il suffit d'aborder les choses ouvertement, de reconnaître qu’on ne se sent pas très bien, ce n'est pas grave, on peut ! Nous traversons tous des problèmes similaires. Quand on est face au pur chaos, parfois tout ce dont on a besoin, c’est de temps. Sans mentionner le fait qu’on a tous des manières très différentes de digérer les choses.

Il y a quelque chose d’autre que vous montrez ici dans Tótem : la perspective d’un enfant. Je me souviens de ça aussi : d'entendre des bribes de conversation, de voir des choses sans en saisir pleinement le sens. Vous en souvenez aussi ?
J'avais une imagination extrêmement active quand j’étais enfant. Vraiment active. J’étais capable de passer des heures toute seule. Parfois, quand j’étais chez ma mamie, au sud du Mexique, j’écoutais toutes ces histoires magiques : des histoires sur la Xtabay, cette femme qui apparaît aux hommes et tente de les séduire. Tout ça me semblait tout à fait normal. Je croyais en ces histoires, d'une certaine manière, mais ma fille est vraiment différente. Je ne sais pas, peut-être que ça aussi quelque chose à voir avec le fait d’être une jeune mère, ou une fille, au fait que je pense à elle, à moi, à nos histoires.

Pensez-vous que ça peut inspirer les gens, d'en voir d'autres célébrer la fin d’une vie comme ça, en essayant de ressentir de la joie, même si dans une situation pareille, nous avons été entraînés à ressentir de la douleur ?
Parler de la mort, c’est penser à la vie. Et à l’amour. Je ne suis pas neuropsychologue, ça c’est clair, mais nous ne pouvons pas avoir peur des ténèbres à ce point, tout le temps. On tend à penser que c’est terrible, mais ce n’est pas le cas. Quand on ferme les yeux, on ne voit pas la lumière non plus, mais il y a de la beauté dans cela aussi.

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(Traduit de l'anglais)

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