email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2023 Encounters

Leandro Koch et Paloma Schachmann • Co-réalisateurs de The Klezmer Project

“Nous parlons d’une culture qui est en train de disparaître”

par 

- BERLINALE 2023 : Le duo évoque pour nous son premier film, sur la disparition et l’héritage de la culture et de la musique yiddish

Leandro Koch et Paloma Schachmann • Co-réalisateurs de The Klezmer Project

Après la Shoah, la culture yiddish était éteinte, abandonnée par ceux qui avaient survécu et émigré. Sur un territoire qui s’étend de la Roumanie d’aujourd’hui et passe par la Moldavie pour aller jusqu’à l’Ukraine, il y avait jadis une communauté yiddish florissante. Le seul leg de cette communauté qui survit encore, c’est la musique klezmer, une célèbre musique à base de violon, initialement faite de morceaux conçus pour accompagner les mariages, qui a récemment connu une renaissance partout dans le monde. Les co-réalisateurs argentins Leandro Koch et Paloma Schachmann se sont rendus jusqu'au berceau du klezmer pour retrouver les traces d’une culture perdue, et dépeindre ses anciens voisins, qui perpétuent son héritage. Nous les avons interrogés sur The Klezmer Project [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Leandro Koch et Paloma Sch…
fiche film
]
, qui a été projeté à Berlin dans la section Encounters et y a décroché le Prix GWFF du meilleur premier long-métrage .

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Êtes-vous parvenus, finalement, à trouver un vrai groupe de klezmer en Moldavie ? Votre conclusion reste ouverte à ce sujet.
Leandro Koch : Ce qu’on entend dans le film, c’est du klezmer. Nous avons décidé de filmer le klezmer le plus proche du vieux style folklorique yiddish. Le klezmer a disparu après l'Holocauste et la création de l’État d’Israël. Plus tard, il y a eu une renaissance aux États-Unis, dont est né le klezmer que nous connaissons tous aujourd’hui.

Paloma Schachmann : Quand une musique se rattache à un rituel, comme le mariage, elle a un son particulier. Quand on joue de la musique devant un public, alors les possibilités qu’on a sont beaucoup plus vastes, le son se met à grandir. C’est ce qui est arrivé au klezmer, qui a commencé comme une musique pour les mariages. Aujourd’hui, on peut trouver du klezmer dans le pubs ou sur scène. Dans le film, nous nous penchons sur le son originel du klezmer.

L.K. : D'un autre côté, c’est une musique qui a été presque oubliée. Les seuls gardiens en sont ceux qui ont vécu avec les juifs avant la guerre. C’était intéressant pour nous, parce que c’était un indice pour essayer de comprendre ce qui est arrivé à cette musique et cette culture. Le klezmer était une porte que nous avons ouverte, et derrière, il y avait un immense univers de questions.

Vous présentez aussi un argument très fort en faveur de la préservation de la langue yiddish, qui est en train de mourir.
P.S. : Nous connaissons beaucoup de gens qui parlent le yiddish et qui l'étudient, donc pour nous, il est vivant, mais bien sûr, les gens n’élèvent plus leurs enfants en yiddish. C’est une langue qu'on étudie dans les universités. C’est pour ça que nous parlons d’une culture qui est en train de disparaître. Ce n’est plus une langue qui fait partie de la vie domestique.

L.K. : Personne ne crée plus d'art, de littérature, de poésie ou de théâtre dans cette langue. La musique est le seul élément de cette culture qui est encore vivant, et paradoxalement, elle n’a pas de paroles. Elle n’a pas de langue.

Le film a une narratrice qui parle en yiddish, Perla Sneh.
P.S. : Nous avons trouvé notre narratrice en fin de montage. Ça a énormément changé le film. Nous avons trouvé que c’était une bonne déclaration, de notre part, de faire de nouveau du yiddish un son et de montrer aux gens cette manière traditionnelle de raconter des histoires.

Il n'y a pas que le yiddish et le klezmer qui sont en train de mourir : les musiciens que vous montrez sont également en voie d'extinction.
L.K. : Nous voulions montrer les musiciens qui maintiennent ces mélodies en vie avant qu’ils meurent, parce qu’ils sont vraiment vieux. Quand ils mourront, ces airs vont mourir avec eux. Nous voulions en laisser une trace audiovisuelle.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy