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Valeria Golino, Valerio Binasco, Riccardo Scamarcio • Acteurs

Un conflit de générations

par 

- Nous, les quarantenaires, nous servons de pont entre le troisième âge et la jeune génération; et nous sommes un peu désorientés

Valeria Golino et Valerio Binasco sont les personnages du film dans la quarantaine, ils font partie de la "génération du milieu", la plus désorientée. Valeria Golino incarne Maria, une maîtresse d'école qui, au lieu de donner le bon exemple, se laisse aller et perd la tête pour un jeunot, Gianluca, Riccardo Scamarcio. Son mari Alessandro, joué par Valerio Binasco, se fait l'interprète convaincu de l'incapacité moderne à affronter la crise.

Cineuropa : Qu'est-ce qui vous a plu chez ces provinciaux?
Valerio Binasco: Quand j'ai lu le scénario, j'ai été déçu. J'ai joué beaucoup de personnages déconfits, mais jamais pour des raisons sentimentales. Je me suis mis à étudier les nuances du personnage, jusqu'à ce qu'arrive Valeria, qui est dotée d'une essence particulière, une émanation de choses précieuses. Je devais partager avec elle une profonde intimité, ce qui me semblait être une expérience vertigineuse.
Valeria Golino: Nous, les quarantenaires, nous servons de pont entre le troisième âge et la jeune génération; nous sommes un peu désorientés parce que nous nous rappelons le parfum des idéaux d'un temps qui nous ont été transmis : la dignité, la passion. Ce qui me fascine chez Maria, c'est la force de son honnêteté, elle trompe son mari mais ne ment pas, ne cherche pas à se justifier, elle n'est pas hypocrite. Je crois que c'est difficile d'accepter un tel personnage, parce que le spectateur a du mal à s'attacher à quelqu'un qui n'éprouve pas de remords. C'est pourtant toute la beauté de ce personnage, cette honnêteté absolue. Je ne crois pas en la franchise comme une vertu supérieure, car il faut composer avec les autres, faire attention à ne pas les blesser et les faire souffrir. Mais à certains égards, j'aimerais bien être comme Maria.
Riccardo Scamarcio: Mon personnage s'inscrit dans une typologie qui existe vraiment. J'ai des amis aussi passifs que Gianluca et qui restent en suspens. Gianluca sent bien qu'il lui incombe de faire des choix mais il ne les fait jamais, et l'ennui est au coeur de son existence. C'est une des couleurs du film, une couleur qui doit me semble-t-il traduire cette ambiance, cette province.

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On ressent dans ce film l'influence du théâtre, chose valorisante pour un acteur.
Valerio Binasco: Oui, ce film s'essaie à une écriture plus profonde et plus actuelle, avec des dialogues structurés et non pas improvisés et bafouillés. La vie quotidienne dans un petit village oblige au dialogue entre les générations, parce que jeunes et vieux vivent côte-à-côte. Cependant, les jeunes ne parlent pas le dialecte que parlent leurs grands-parents, ce qui crée une fracture linguistique, et cette défaite de la langue est une défaite des valeurs, notamment les valeurs de la résistance anti-fasciste. L'arme à feu jadis utilisée par les partisans que mon personnage récupère pour tuer son rival sert à une parodie d'action, car notre génération est en fait incapable d'agir.
Valeria Golino: Cette expérience m'a amenée à interpréter mon rôle très naturellement, comme s'il s'agissait d'un jeu. C'est d'ailleurs pour cette raison que les acteurs font ce métier, pour s'inventer une autre vie, toute aussi importante que leur vie hors plateau.

Riccardo, le cinéma italien semble te désigner comme un nouvel acteur "à suivre". T'es-tu senti proche de Paravidino, acteur lui même et réalisateur débutant?
Riccardo Scamarcio:En voyant le film, j'ai découvert quelque chose de différent de ce que j'avais imaginé pendant le tournage. Cela m'a fait grand plaisir, comme si la vie du personnage lui appartenait en propre, à l'intérieur du film. C'est cela qui me plait dans le cinéma : ce n'est qu'achevés que les films peuvent communiquer de telles sensations. Les scènes où j'avais l'impression d'être discordant sont les plus belles. Fausto m'a amené à m'éloigner de ma vision personnelle du personnage. Nous avons beaucoup discuté. En fin de compte, ce n'est ni ma conception de ce personnage ni celle de Fausto qui apparaît à l'écran, mais quelquechose de différent et de plus vital, un personnage qui évolue en terrain inconnu.

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