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Brice Cauvin • De Particulier à Particulier

Couple et terrorisme, doute et déstabilisation

par 

Objet de critiques très élogieuses au Forum du festival de Berlin 2006, le premier long métrage du Français Brice Cauvin, De Particulier à Particulier [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(Hotel Harabati) a été sélectionné parmi les 10 films européens du "Variety Critics Choice" 2006 qui sera présenté par l’European Film Promotion durant le festival de Karlovy Vary. Vendu à l’international par Films Distribution ce premier long métrage interprété par Hélène Fillières, Laurent Lucas, Anouk Aimée et Julie Gayet, a été produit par Mille et une productions. Né en 1966, Brice Cauvin a mené parallèlement une carrière d’assistant-réalisateur (aux côtés notamment de Nicole Garcia, Pierre Salvadori, Maurice Pialat, Philippe Harel et Romain Goupil) et de metteur en scène de quatre courts métrages et d’un documentaire, tout en étant intervenant réalisateur à la Femis depuis 5 ans. Rencontre à Paris avec le cinéaste.

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Cineuropa: Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans la réalisation de ce premier long métrage
Brice Cauvin : Le déclic était là depuis toujours, il fallait juste que je le mette en place concrètement. J’ai réalisé mes premiers courts à 22 ans et cela marchait très bien pour moi comme assistant-réalisateur. Mais un jour, j’en ai eu assez et j’ai commencé à écrire un long métrage. L’histoire de De Particulier à Particulier (Hotel Harabati) n’est pas du tout autobiographique, mais elle est très personnelle. J’y ai mis tout ce qui me touche chez les gens que je rencontre, un mélange de ce qui me m’intéresse et aussi de ce qui me fait rire.

Pourquoi avoir choisi une histoire mêlant la vie privée d’un couple "normal" à un arrière-plan relié au terrorisme ?
Je n’aime pas que les choses soient racontées de manière engagée, mais plutôt en filigrane. Au fond, j’aime dénoncer, mais en douceur car je n’ai pas l’énergie du militant. Je suis parti du personnage féminin et j’ai ensuite avancé dans le scénario par cercles concentriques. C’est avant tout un film sur l’intime, sur ce que signifie le fait de vivre à deux. Le mot figé de "couple" me dérange car l’entité constituée par deux êtres vivant ensemble est tout le temps en mouvement. J’avais envie de montrer qu’une histoire à deux peut se construire sur le doute, sur les difficultés, et pas uniquement sur le bonheur. Par moments, les êtres qui vivent ensemble s’égarent et il y a des contextes qui favorisent cela comme celui que j’ai mis en place : une déstabilisation par des évènements. Ils épousent une sorte de mouvement global en s’appropriant la peur de terrorisme, mais ils se trompent de peur car la vraie peur est au fond d’eux, dans leur histoire de couple.

Comment avez-vous convaincu des acteurs connus comme Laurent Lucas, Hélène Fillières et Anouk Aimé ?
Ce n’était pas l’avis des chaînes TV, surtout dans ces emplois. Pour les décideurs des télévisions, Laurent Lucas ne pouvait pas avoir peur, mais il ne pouvait que faire peur, et Hélène Fillières ne pouvait pas être maternelle. Ce sont deux acteurs que j’aime beaucoup. Laurent Lucas et un comédien d’une grande richesse. Au début, j’avais écrit le rôle pour Irène Jacob mais elle était enceinte et j’ai dû changer d’actrice et réécrire le scénario pour Hélène Fillières en dévoilant des facettes qu’on ne connaissait pas vraiment d’elle à l’écran. Quant à Anouk Aimé, je pensais que ce serait difficile pour quelqu’un de son statut de rentrer dans une production comme la mienne. Mais, à l’image du film qui passe son temps à aller contre les clichés, les idées reçues, tout s’est passé avec beaucoup de simplicité.

Le côté énigmatique de De Particulier à Particulier (Hotel Harabati) a suscité de nombreuses interprétations ? Jusqu’à quel point en avez-vous joué ?
J’ai été assez surpris par ces réactions. La dimension énigmatique s’est renforcée durant la réalisation et en particulier au montage, alors qu’elle n’existait pas à ce point à la lecture du scénario. L’épisode des photos notamment fait se poser beaucoup de questions et donne au film sa couleur pour chaque spectateur différent : certains y voient un élément banal (une simple erreur), d’autres un film fantastique. Moi qui aime que le spectateur soit actif, je trouve cela formidable d’avoir des retours aussi divers. C’est aussi pour cette raison que j’aime filmer en plan large : c’est une façon pour le spectateur de se poser des questions, de choisir, de prendre ce qui l’intéresse.

Quelles sont vos influences cinématographiques ?
J’aime beaucoup Buñuel, Truffaut, Atom Egoyan, Jonathan Nossiter, Woody Allen... Mais j’ai été très influencé par Michelangelo Antonioni qui a bercé mon adolescence. Je suis aussi très flatté qu’on évoque Roman Polanki et Michael Haneke en ce qui concerne mon film. Pour moi, Benny’s Video est un chef-d’œuvre du cinéma contemporain, un exemple de cinéma cérébral qui a su rester ludique.

Quels sont vos projets à moyen-terme
Je travaille à l’écriture d’un film sur un personnage masculin à la dérive, idéalement Lambert Wilson que je connais bien. J’accompagne aussi De Particulier à Particulier (Hotel Harabati) qui a déjà été sélectionné dans une vingtaine de festivals : Karlovy Vary Londres, Edimbourg, Göteborg, Haïfa, Sydney, Seattle... C’est formidable car ce film est une sorte de miraculé. J’avais eu une avance sur recettes du CNC et le soutien d’un mécène américain, mais il y a un an, en plein montage, le film était pris dans la liquidation d’une société de production et je ne savais pas comment m’en sortir. Mille et Une Productions a récupéré le projet, puis la chaîne câblée TPS a acheté le film grâce à l’intervention de Dominique Besnehard (ancien agent et aujourd’hui producteur). Sans lui, le film serait resté dans des cartons.

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