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Olivier Gourmet • Acteur

Le cinéma, cet espace privilégié

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- Olivier Gourmet • Acteur

Comédie des origines loufoque et farfelue autour d’un inventeur un peu raté qu’interprète Olivier Gourmet, Congorama [+lire aussi :
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, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (lire le compte-rendu) arrive sur les écrans belges ce 17 janvier. En décembre, le premier long métrage de Laurent Lherbier, Mon Colonel [+lire aussi :
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, coproduit avec les Belges des Films du Fleuve, sortait en France. Pour ce rôle, l’acteur fétiche des frères Dardennes a perdu 27 kilos en trois mois. Un tour de force !

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Cineuropa : Vous aviez déjà réalisé une transformation physique aussi …
Olivier Gourmet : Radicale ? Oh non ! Bien souvent, j’opère des petites transformations, une barbe, des lunettes différentes… Il ne faut pas forcément aller dans la démesure pour sembler différent. Mais là, le personnage nécessitait cette transformation, A lire le scénario, on ne pouvait pas imaginer un personnage aussi rond que ce que j’étais avant. C’est un homme de terrain, un vrai guerrier, qui part au combat avec ses hommes. Enfin, il ne s’agit pas vraiment d’une transformation, c’est plutôt le résultat qui en est une. On ne savait pas ce que cela donnerait.

D’où vient votre envie de vous investir dans un film comme Mon Colonel ?
Je pense qu’il est important de profiter du cinéma, de cet espace encore privilégié aujourd’hui, pour s’exprimer sur des sujets douloureux. Il ne faut pas l’abandonner. Parce qu’au delà des évènements historiques de 1956, de l’invasion de l’Algérie par l’armée française et de la guerre pour l’indépendance du FLN, 50 ans après ces événements et les premiers actes terroristes, on n’a pas vraiment évolué quand Georges Bush veut aujourd’hui légiférer sur la torture. Il faut parler de certaines choses, et de manière objective, non pas provocante ni rédemptrice. Et il faut faire le constat que la monstruosité de certains hommes n’est pas cachée au départ dans des monstres, mais dans des gens qui ont de vrais intérêts ou sont de vrais humanistes. Ce colonel a, au départ, une vision du colonialisme qui n’est pas dictatoriale mais ouverte et humaine. Et, tout à coup, pour défendre les intérêts républicains de l’époque, parce que le gouvernement français a permis que soit utilisé tous les moyens pour ramener l’ordre en Algérie, cet homme va pratiquer la torture. Comment va-t-il glisser là dedans ? Comment expliquer l’horreur aujourd’hui de manière honnête et sensible ?

Et qu’est ce qui vous a embarqué dans l’aventure si différente de Congorama ?
C’était un film qui m’amusait énormément parce qu’un véritable humour s’en dégageait dès le scénario. D’emblée, il y avait une singularité humoristique sans les canevas ou les clés du genre, ce qui fait que si l’on écrit comme ça et comme ça, on va vers la comédie. C’était tout à fait singulier et ça lui appartenait. C’est vraiment ce qui m’a, moi, amusé. Et l’on me propose peu de rôles dans ce style. C’est gai, la comédie, j’aime ça. Je suis quelqu’un de plutôt jovial et qui aime bien rigoler dans la vie donc pourquoi pas dans des films si cela rencontre aussi ce qui m’intéresse au cinéma. En même temps, je crois que l’humour, la comédie, partent toujours de l’être humain, qu’on développe ses qualités et ses défauts dans le drame ou qu’on les étire pour les rendre monstrueusement drôles. Congorama parle aussi de la difficulté et de la peur de faire face à d’autres cultures. Ce personnage découvre à 43 ans qu’il ne vient pas de la civilisation à laquelle il s’identifie. C’est ce qui crée tous les quiproquos, la démesure et le burlesque de ce film, aussi farfelu dans sa construction ludique et interactive.

Congorama est aussi l’histoire d’un type banal dont la vie bascule tout à coup. Vous avez aussi souvent ces rôles de monsieur tout le monde, non ?
Je vais plus vers ces personnages qui me parlent humainement et concrètement, auxquels je peux m’identifier, dont je peux comprendre la bêtise, la monstruosité ou la drôlerie plutôt que vers des personnages caricaturaux ou archétypaux. De mon expérience sur les tournages, c’est beaucoup plus amusant pour un acteur de jouer des personnages complexes humainement, que les personnages caricaturaux dont on a vite ras le bol parce que c’est toujours la même chose. C’est vraiment une question de plaisir, et pas une démarche intellectuelle. Le travail sur ces personnages est plus important, demande plus d’implications, d’interrogations. Qu’est ce qui fait qu’on est pervers, qu’est ce qui nous rend jaloux, gourmand ou triste ? Je trouve plus amusant de me poser ces questions là et de les développer dans un personnage que de jouer des émotions préfabriquées. Lorsque tout est subtilement dans le corps, presque indicible, presque pas vu, ça devient magique. C’est ce qui pour moi, avec plein d’autres détails, fait la magie du cinéma.

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