04/05/2007

S’il fallait définir d’un trait le scénariste-réalisateur Chris Kraus, c’est bien sa persévérance pour mettre ses idées en oeuvre qui s’imposerait. Son deuxième long métrage en est l’exemple parfait. Son titre, Four Minutes [+lire aussi :
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Malgré les hauts et les bas de l’odyssée de huit ans qui a permis de faire ce film, Kraus était déterminé à ce que Four Minutes soit son prochain projet après son impressionnant premier film, Shattered Glass (2002). Lors de la Berlinale 2005, Kraus a commencé de discuter de son projet avec les soeurs productrices Meike et Alexandra Kordes, de la jeune maison de production Kordes & Kordes Film. Ils se sont trouvé des atomes crochus et ont découvert qu’ils partageait la même vision. "Nous n’avions pas d’argent, mais seulement une grande passion. Je savais de Meike [directrice de production de Shattered Glass] qu’elle ne fait que des choses qui lui plaisent vraiment et se mettrait en quatre pour réaliser ce projet. J’aime bien les gens qui n’ont pas peur de se mettre en quatre !"

Shattered Glass, son premier film, n’avait pas non plus été une synécure. Il était resté à l’état de scénario plusieurs années avant d’être enfin produit. "Cela prend tout simplement longtemps pour mener à bien des projets si individuels", estime Kraus, mais sa ténacité a ensuite été récompensée au Festival de Münich 2002, où le film était parmi les titres qui ont fait l’événement, portant Kraus au rang de nouveaux talents les plus prometteurs.

Alors que Kraus s’est montré féru de collaborations avec des acteurs chevronnés comme Vogel, Margit Carstensen, Peter Davor et Nadja Uhl, tous à l’affiche de son premier film, Four Minutes lui a lancé de nouveaux défis, confirmant ainsi dans le même temps la qualité de la relation de travail du réalisateur avec ses acteurs.

Le choix des deux actrices principales, la vétérane Monica Bleibtreu (dans le rôle de la pianiste âgée Traude Krueger) et la débutante Hannah Herzsprung (dans le rôle d’une meurtrière nommée Jenny), a été crucial. "Je voyais bien qu’il ne serait pas possible de faire travailler une dame de 80 ans 16 heures par jour sur ce projet, précise Kraus, donc quand j’ai rencontré Monica Bleibtreu, j’ai pensé qu’elle pourrait jouer ce rôle mais qu’il y aurait un problème d’âge car elle n’a que 60 ans. On s’est demandé si le maquillage fonctionnerait et surtout, si le courant passerait entre la jeune femme et son aînée".

Il qualifie de "décision délibérée" le choix de faire la première mondiale de Four Minutes en dehors de l’Allemagne, au Festival international de Shanghaï en juin 2006 – bien que les festivals German film aient également réclamé le titre. Four Minutes a ensuite été présenté en première nationale en octobre dernier lors des 40èmes Journées du film de Hof, où le film a constitué un des clous du programme avec une séance du samedi pleine à craquer et une bonne mention pour Hannah Herzsprung, qualifiée de "nom à suivre".

En Allemagne, le film a commencé de collectionner les prix avant même sa sortie nationale, fin janvier. Il a remporté quatre Prix de Bavière, ceux de Meilleur scénario, Meilleure actrice dans un premier rôle (Monica Bleibtreu) et Meilleur nouveau talent (Hannah Herzsprung), ainsi que le Prix VGF des jeunes producteurs (Kordes & Kordes Film). Kraus se dit "fou de joie" devant le succès du film dans son pays natal : le distributeur Movienet a enregistré 250 000 entrées pour seulement 70 copies entre la sortie et la mi-avril, ce qui fait de Four Minutes le film d’auteur allemand le plus populaire de l’année jusqu’à présent.

Kraus a déjà préparé un autre projet intitulé Acapulco, film de l’ordre de la comédie grinçante et de la satire qu’il veut faire avec les soeurs Kordes. Kraus a également en vue un autre projet de longue haleine auquel il tient particulièrement, le drame historique romantique Poll, dont le scénario a été nominé pour le Prix du scénario allemand en 1997. Si Poll se situe dans la communauté allemande balte de Lettonie juste avant le début de la Première guerre mondiale, comme Four Minutes, l’histoire met au premier plan une jeune fille : "C’est une histoire d’amour entre une fille de 13 ans et un révolutionnaire qu’elle cache", dit Kraus. "Ce projet est très personnel parce que ma famille vient de Riga et que ma grand-mère était lettone. J’ai donc des affinités particulières avec ce sujet".