email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Stefan Ruzowitzky • Réalisateur

"Affronter la réalité par le biais d'un film"

par 

- Stefan Ruzowitzky • Réalisateur Oscar 2008

Les faussaires [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
de Stefan Ruzowitzky vient d'être nominé pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Cineuropa a rencontré le réalisateur à Rome à l'occasion de la sortie italienne de son film le 1er février prochain, sortie assurée par Lady Film. Le héros, Salomon Sorowitsch, interprété par Karl Martkovics, faussaire de talent qui mène la vie de bohème, se retrouve dans le camp nazi de Mauthausen en 1939 puis se voit tranférer à Sachsenhausen, où il participe à l'Opération Berhard, qui consiste à contrefaire et imprimer des millions de livres sterling et de dollars pour en inonder l'économie des ennemis et ce faisant les mettre à genoux.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Sorowitsch est en fait un anti-héros par le biais duquel Ruzowitzky a cherché un point de vue différent sur l'extermination, comme l'ont fait avant lui Art Spiegelman (avec la bande-dessinée "Maus", qui montre aussi les faiblesses du père juif) et plus récemment Jonathan Littell dans le roman "Les Bienveillantes", qui décrit les nazis comme des êtres humains normaux. "Ils n'étaient pas des psychopathes, explique le réalisateur, mais des gens qui suivaient des ordres. Moi j'ai montré le commandant S.S. comme un père de famille dont le métier est de tuer".

Cineuropa : L'idée du film est née après la lecture du livre dont il est l'adaptation, "L'Atelier du Diable" d'Adolf Burger ?
Stefan Ruzowitzky : Par une étrange coïncidence, dans l'espace de deux semaines, deux producteurs différents se sont adressés à moi pour réaliser le même projet. J'ai interprété cela comme un signe du destin. Pour moi, qui suis autrichien, il était très important de traiter de ce thème. En Autriche, les partis populistes de droite FPÖ et BZÖ, intolérablement proches de l'idéologie nazie, recueillent 20% des votes et peuvent donc participer activement au gouvernement du pays. Faire un film était pour moi la meilleure manière d'exprimer mon désaccord.

Comment le film a-t-il été accueilli dans les pays où vous l'avez présenté ?
Le nazisme est encore un tabou. Le film a eu du succès dans le monde entier. Le seul pays où il n'a pas fonctionné est l'Allemagne et la raison en est que notre génération est consciente du fait que nos grands-pères ont commis des crimes terribles et que nous ne savons pas comment affronter cette réalité. J'ai eu la possibilité de le faire par le biais de ce film.

Comment s'est passé votre collaboration avec Adolf Burger, qui est nonagénaire ?
Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois et au début j'étais nerveux parce qu'il s'agissait de discuter avec un homme qui a vécu l'expérience des camps de concentration et qui a su la raconter dans un livre, mais Burger a donné tellement de conférences dans des écoles, il a reçu tellement de lettres d'étudiants au fil des décennies qu'il sait combien il est important de transmettre son histoire et qu'il sait le faire, ce qui nous a été très utile. Il nous a beaucoup aidés pour le scénario..

Qu'avez-vous éprouvé pendant le tournage ?
Quand on tourne un film, on a affaire à des problèmes de costumes, de maquillage, et autres questions techniques qui aident à ne pas s'émouvoir à chaque scène. Ceci étant, quand Burger et Plappler, les derniers survivants, sont venus sur le plateau, cela a sans aucun doute un moment de grande émotion. Je me suis rendu compte que nous n'étions pas seulement en train de réaliser un film mais que c'était de l'Histoire, quelque chose qui était vraiment arrivé et que ces deux hommes avaient vraiment vécu cette tragédie.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy