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Paul Kieffer • Réalisateur

"Une Arabie sortie tout droit de l’imagination"

par 

Dans Nuits d'Arabie [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le dernier film de Paul Kieffer présenté au prochain Festival de Karlovy Vary, mélodrame classique et histoire contemporaine se rencontrent quand un contrôleur de train luxembourgeois tombe amoureux d’une mystérieuse Algérienne.

Cineuropa : Quelle est l’origine de l’histoire du film ?
Paul Kieffer : La première version de la synopsis est née dans un train. Je jouais avec l'idée de greffer une structure de mélodrame classique sur une histoire luxembourgeoise contemporaine quand ce contrôleur est venu poinçonner mon billet. À ce moment là, les dernières images de Morocco de Josef von Sternberg traînaient dans ma tête et je me suis dit : que devra-t-il arriver à mon contrôleur pour qu'une histoire l'amour fasse qu'il finisse par entrer dans le désert à pied comme Marlene Dietrich ?

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L’industrie cinématographique luxembourgeoise est plutôt petite – tout comme le marché pour des films en langue luxembourgeoise. Est-ce que cela influence vos choix et votre mode de travail ?
En principe, les films en langue luxembourgeoise marchent très bien sur notre minuscule marché et peuvent attirer jusqu'à 10 % de la population du pays, ce qui correspond à 40 000 entrées. En revanche, dès que les personnages du film ne parlent pas le luxembourgeois, ils intéressent beaucoup moins le public local. Nuits d'Arabie tente un compromis : les autochtones parlent le luxembourgeois entre eux et le français avec les francophones, ce qui permet au public luxembourgeois de s'identifier à eux et facilite peut-être l'accès au film à des non-Luxembourgeois. Au-delà de ce dilemme linguistique, faire quelque chose de très luxembourgeois et en même temps de très ouvert sur le monde était dès le départ un des buts avoués du projet.

Vous aviez déjà travaillé avec Jules Werner au théâtre auparavant. Est-ce que le rôle de Georges a été écrit pour lui ? Qu’est-ce que Jules a pu apporter au personnage ?
Dans les premières versions du scénario le personnage était plus âgé et ce n'est que vers le milieu de la phase d'écriture, quand le personnage s'est rajeuni, que j'ai pensé à Jules pour le rôle. Pendant la préparation du film, nous avons refait du théâtre ensemble et c'est en marge de ça que nous avons définitivement construit le personnage. Je suis persuadé que c'est en grande partie le jeu naturel et discret de Jules qui fait de Georges un personnage aussi attachant et, je l'espère, aussi crédible.

Le film voit le monde arabe comme quelque chose d’assez abstrait et exotique, et le film passe d’un registre assez réaliste au début à un registre plutôt fantastique. Comment avez-vous travaillé sur la séparation et, plus tard, le mélange des deux ?
Le film épouse complètement la vision de Georges sur le monde. Comme il n'y a pratiquement pas d'immigrants maghrébins au Luxembourg, à ses yeux Yamina et son monde à elle sont quelque chose de très exotique, voire d'irréel, d'autant plus que les quelques fragments que la jeune femme révèle de son passé tiennent plus du fantasme que de la biographie. Quand Georges tombe amoureux de Yamina il met rapidement en question la réalité banale mais confortable dans laquelle il a vécu jusque là. Et quand il part vers l'inconnu, à la recherche de son amour disparu, il ne voyage pas vraiment vers une Algérie contemporaine mais vers cette Arabie sortie directement de son imagination. C'est dans cet environnement plus ou moins fantasmatique que le banal contrôleur peut devenir, ne serait-ce que brièvement, un héros de cinéma.

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