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Dominique Abel et Fiona Gordon • Réalisateurs

La science du mouvement

par 

- Rencontre colorée d'un couple sur scène et dans la vie, uni par une passion débordante pour le burlesque et au rendez-vous des salles avec leur second long dévoilé à Cannes

Cinergie : Nous vous savions comédiens burlesques sur scène et au cinéma, mais nous ne savions pas que vous étiez également danseurs ! Votre performance est impressionnante. Est-ce un aperçu de ce qu'on peut voir sur scène ?
Fiona Gordon : Oui, dans la mesure où dans nos spectacles, nous incluons toujours l'une ou l'autre danse, et je ne sais pas par quel hasard, nous avons omis d'en mettre une dans L'Iceberg [+lire aussi :
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! On a choisi la musique des rumbas cubaines des années 60. C'est sensuel et physique. Ça parle du couple et nous, on voulait parler du couple dans ce film. Nous ne sommes pas danseurs, mais nous aimons bouger, et c'est un défi pour nous de faire semblant d'être de vrais danseurs !

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Comment travaillez-vous ? Est-ce que le film s’élabore sur scène, créant des situations que vous allez ensuite inclure dans un film ou, au contraire, écrivez-vous un scénario classique de film ?
Dominique Abel : On passe sans arrêt des planches à l’écriture. Quand on a un canevas qui tient, on l’essaie pour être sûr de l'effet "drôlesque" avant de l'inclure dans le scénario. Nos quinze ans de scène en tant qu'acteurs physiques nourrissent notre écriture. On fait des cases, comme on dit en BD, mais on n'écrit pas le contenu de la case. Par exemple on écrit : "Le couple a une insomnie parce que le lendemain ils se présentent à un concours et sont très nerveux". Ça, c’est le thème, et dans ce thème, il y a plein de possibilités de jeu, et on n'a pas besoin d'écrire davantage. C'est une écriture particulière, parce qu'on sait à l'avance où Fiona sera drôle, mais on n'est jamais tout à fait sûr avant de l'avoir essayé. Même chose pour moi et pour Philippe Martz, on a appris, en affinant notre jeu sur scène, le genre d’histoires qu’il nous faut. On ne va pas étonner les gens dans la complexité ou dans la surprise scénaristique mais dans la manière, dans le mouvement. Il faut qu’on trouve des histoires où on laisse beaucoup de place au mouvement. Ce qui est paradoxal dans notre jeu, c'est que nous avons besoin de beaucoup de répétitions pour que les mouvements s'agrègent dans le rythme, mais il ne faut pas que cela se voit. Il faut absolument retrouver la spontanéité avant de tourner.

Il y a très peu de parole dans un film burlesque et ça ne date pas d’aujourd’hui. C'est pourquoi le burlesque avait sa place dans le muet. Avec l'apparition du son, on a vu la parole remplacée par un son bizarre comme chez le M. Hulot de Jacques Tati. Comment avez-vous résolu la question ?
Fiona Gordon : Nous, on n’essaie pas de ne pas parler, cela nous vient naturellement.

Dominique Abel : Quand on improvise, on ne s’empêche pas de parler, on met juste la quantité qui nous plaît. Dans notre registre du comique, le corps est un élément essentiel.

Mais vous ne vous appuyez pas sur le bruitage ou la musique pour habiller l’image.
Dominique Abel : Nous ne mettons pas de musique d'ambiance. Chez nous, tout est épuré, le cadre, l'image, les gestes et le son aussi. Quand on met de la musique, c'est qu'elle a une raison d'être écoutée; soit pour danser soit pour autre chose. Notre rapport au cinéma ne tient pas du réalisme, on ne mettra jamais un son pour affirmer la réalité, on vient d’un univers plus théâtral, on a l’habitude d’imaginer et si un son est présent, c’est pour sa musicalité. On pourrait comparer la bande-son de nos films à la ligne claire en bande dessinée. Hergé disait qu’il ne dessinera jamais un téléphone sur un bureau si le téléphone ne va pas sonner. Pour nous, c'est la même chose, dans la composition de l'image et du son.

Pour la vidéo de l’interview, cliquez ici

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