19/11/2009

Il y a cinquante ans, c'était les Siciliens, les Calabrais et les gens de la région Basilicate, aujourd'hui ce sont les Maghrébins qui viennent du Sud pour trouver à Turin une vie meilleure. Le point de départ est le même : il s'agit du quartier de Porta Palazzo. C'est là, loin des monuments de la ville (et des lieux qui accueillent le Festival de Turin), que se déroulent deux titres de la section Festa Mobile qui témoignent de l'intérêt croissant qu'a le cinéma italien pour le monde arabe et ont pour autre point commun leur interprète, le Tunisien Ahmed Hafiene, déjà candidat aux David de Donatello pour La giusta distanza [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film].

Dans La straniera, film sophistiqué de Marco Turco (qui a commencé à enquêter sur le sujet il y a dix ans) produit par La Beffa et encore en quête d'un distributeur, l'acteur joue Naghib, architecte marocain parfaitement intégré en Italie, "un de ces immigrés, explique le réalisateur, qui quittent leur pays poussés non pas par la faim, mais par leur amour pour l'Occident". L'homme a choisi de couper les ponts avec ses origines jusqu'à ce qu'il rencontre Amina (Kaltoum Boufangacha), une belle prostituée au passé difficile et à l'avenir non moins incertain. Tout, naturellement, à commencer par la loi, conspire contre leur amour, mais on reste dans le registre de Pretty Woman ("je voulais aborder des thèmes importants à travers une fable"). Ce film est tiré du roman de Younis Tawfik (dont l'épilogue est d'ailleurs non moins fabuleux).

La cosa giusta, premier film de Marco Campogiani, met en scène un duo de flics diamétralement opposés l'un à l'autre : l'un (Ennio Fantastichini) est expéditif, expérimenté et désillusionné, l'autre (Paolo Briguglia) est jeune et idéaliste et maîtrise l'arabe. C'est idéal pour filer Khalid (interprété par Hafiene, cette fois filmé caméra à l'épaule), acquitté mais encore soupçonné de faire partie d'Al-Qaida. Ce dernier se rend tout de suite compte de quoi il s'agit et comme entre-temps, quelqu'un l'a menacé, les deux policiers lui servent d'escorte. Raconté comme cela, le film (produit par Toma Cinematografica et Rai Cinema ; dans les salles à partir du 27 novembre avec Cinecittà Luce) pourrait ressembler à un polar, mais ce n'est pas le cas : l'horizon du réalisateur, qui s'est inspiré d'un fait divers, est plutôt un certain style de comédie à l'italienne.

(Traduit de l'italien)