18/01/2010

Comme si le monde du cinéma espagnol n'avait pas déjà assez de problèmes, entre le gel des aides au cinéma de la part de Bruxelles (lire l'info), les controverses autour des mesures anti-piratage (lire l'info) et la possible inconstitutionnalité de la loi qui soumet les chaînes de télévision à investir 5% de leurs revenus dans le cinéma, les gouvernements autonomes, en l'espèce le catalan, ont ajouté leur grain de sel dans le climat d'anxiété du secteur.

En effet, le gouvernement catalan, peut-être en regard des élections de l'automne prochain, a lancé un gros pari à l'industrie du cinéma en approuvant le projet de la Loi sur le cinéma de Catalogne, qui comprend entre autres l'obligation de doubler 50% des copies distribuées en catalan (à l'exception des productions espagnoles et des films européens distribués sur quinze copies ou moins).

La réaction des secteurs les plus directement affectés, à savoir ceux de l'exploitation et de la distribution, ne s'est pas faite attendre : ils ont qualifié la mesure d'"injuste". Plusieurs syndicats, la Fédération des distributeurs de cinéma (Fedicine) et l'Union des exploitants de cinéma de Catalogne ont rédigé un manifeste qui dénonce "le danger qu'entraîne le projet de loi pour le bon fonctionnement du secteur et l'avenir de ses employés". Selon leurs calculs, il causerait 14% de pertes et 1768 postes en moins en sa première année.

De son côté, le gouvernement local prône cette mesure pour protéger le catalan. Devant la crainte des majors américaines que cette mesure envisagée en Catalogne provoque une réaction en chaîne dans d'autres régions d'Europe, il argue que la région est "le territoire parfait pour expérimenter ce modèle", pour reprendre les mots du conseiller à la Culture Joan Manel Tresserras.

Entre les toutes-puissantes majors, qui soulignent que la Catalogne ne représente qu'1% de leur marché, et les prétentions linguistiques du gouvernement, ce sont les exploitants qui paieront le prix de toute cette affaire.

(Traduit de l'espagnol)