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BERLINALE 2011 Compétition / HU-FR-DE-CH-USA

Tarr plus apocalyptique que jamais dans The Turin Horse

par 

Après trois années de réalisation, The Turin Horse [+lire aussi :
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interview : Béla Tarr
fiche film
]
de Bela Tarr est enfin présenté en avant-première dans le cadre de la compétition officielle de la Berlinale. Bien qu’il porte tous les traits distinctifs de l’œuvre de Tarr depuis Satantango (1994), son chef-d’œuvre de 450 minutes, ce film, dans lequel il dépeint un monde sombre et sans espoir, possède beaucoup plus de substance que sa dernière œuvre The Man from London [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
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(2007).

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The Turin Horse ouvre avec une anecdote de la vie de Nietzsche, lue sur fond d’écran noir : Nietzsche marchait dans les rues de Turin, lorsqu’il aperçut un cheval de fiacre être brutalisé par son cocher. Le cheval ne voulait pas bouger et le cocher commença à le fouetter violemment. Nietzsche se jeta alors au cou du cheval et se mit à pleurer. Après cet incident, il sombra dans la folie et vécut encore dix ans, sous les soins de sa famille.

Dans la scène d’ouverture du film, nous voyons un homme âgé (Janos Derszi) tirant un cheval et son chariot à travers ce qui ressemble plus aux plaines hongroises qu’au Piedmont italien, dans un vent hurlant qui tout le long du film transporte poussière et feuilles mortes. Il arrive à une maison désolée et décrépie où sa fille (Erika Bok) l’attend. Un titre narratif nous informe qu’il s’agit du Premier jour, et de tels titres rythment les six parties du film.

Dans la majeure partie de The Turin Horse, nous assistons à la routine quotidienne des personnages. La fille se réveille, va chercher de l’eau au puits, fait cuire des pommes de terre qu’ils ne mangent qu’avec du sel et avec leurs doigts, réveille le père et l’habille (son bras droit semble paralysé). Le premier jour, il essaye de faire sortir le cheval, mais celui-ci refuse de bouger.

Le deuxième jour, arrive un inconnu (Mihaly Kormos) qui raconte l’histoire de mystérieuses forces supérieures qui conduisent petit à petit le monde à sa fin. On retrouve ces mêmes idées sur une imminente et incompréhensible fin tragique dans les histoires de Satantango, Werckmeister Harmonies et The Man from London. Maintenant, le cheval ne veut même plus manger.

Le troisième jour arrive une bande de gitans qui se dirige directement vers le puits. Le vieil homme les chasse, mais l’un d’entre eux s’écrie : « Nous reviendrons ! L’eau nous appartient, la terre nous appartient… ». Le quatrième jour, le puits est tari. Le cinquième jour se termine dans une soudaine obscurité – le spectateur a, en fait, l’impression qu’il s’agit d’un fondu au noir, mais en réalité c’est le monde qui a sombré dans l’obscurité.

Parfait cadrage de la photographie en noir et blanc, de longues prises de vue, de la musique dramatique qui couvre même les scènes les plus banales, et très peu de dialogue… toutes ces caractéristiques de l’œuvre de Tarr sont réunies dans The Turin Horse. Si le réalisateur nous montre toujours le monde sous sa lumière la plus sombre et désespérée, dans ce film il semble avoir poussé ce pessimisme à un extrême absolu : il n’existe aucune lueur d’espoir dans The Turin Horse. « Kundera a écrit sur l’insoutenable légèreté de l’être. Ce film-ci est sur l’insoutenable poids de la vie. », explique Tarr lors de la conférence de presse.

The Turin Horse est une coproduction entre la société hongroise TT Filmmuhely, la suisse Vega Film, l’allemande Zero Fiction Film, la française MPM Film et la société américaine Werc Werk Works. Ses ventes internationales sont assurées par Films Boutique.

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(Traduit de l'anglais)

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