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CANNES 2011 Quinzaine des réalisateurs / France

Des Jeunes Gens Mödernes : un bon trip

par 

Hier soir vers minuit, le public de la Quinzaine des réalisateurs aurait presque été d'humeur à s'ébattre à poil sous acide dans une baignoire de 33 Export périmée en écoutant du Kraftwerk à fond. C'est qu'il venait d'assister à la projection spéciale des Jeunes Gens Mödernes [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de l'iconique critique rock Jérôme de Missolz, un parcours effréné à travers la scène musicale, artistique et nocturne française des années 80.

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Le film, parti d'une exposition organisée en 2008 à la galerie d'Agnès b (productrice du film à travers sa société Love Streams), n'est pas un documentaire, a précisé Frédéric Boyer, le directeur de la section, mais plutôt, a précisé un des scénaristes, un récit sur la rencontre entre l'analogique post-punk et le numérique actuel. Nos guides sont en effet l'équipe de fêtards tatoués de la revue Entrisme, des jeunes utilisant Facebook et Skype eux-mêmes guidés par le dandy Yves Adrien (qui s'auto-déclare son propre exécuteur testamentaire) à travers les excentricités libératrices de toute cette époque, des Stooges au concept novö (inventé par Adrien avec Iggy Pop un soir où ils se sont "cramés toute la nuit dans un Novotel de Vitrolles), en passant par Elli & Jacno, Orphan, Lio et Edwige Belmore, la Reine des Punks.

Sur des airs saccadés, obsédants, et des textes rebelles, souvent absurdes, qui nous transportent encore, entre vidéos contemporaines et documents d'époque montrant les grandes figures de ces temps endiablés, Adrien redéfinit mille fois au fil du film la notion de modernité en parcourant le détail des innovations musicales, vestimentaires et comportementales qui ont bercé les enfances du réalisateur comme de bien des spectateurs (étant entendu que rien n'est en réalité jamais vraiment nouveau, ex nihilo). S'il y avait, souligne-t-il, quelque chose de mortifère dans le fait de vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain, dans un monde où tout tendait à nous anesthésier, il s'agissait aussi de "reconquérir un Paradis perdu", de rechercher le plaisir, ce qui finalement, définit la modernité "à toutes les époques".

D'ailleurs, à mesure que les jeunes gens d'Entrisme apprennent à connaître l'étrange gourou si plein de réminiscences, le filtre du regard amusé qu'ils posent au début sur lui disparaît et ils se mettent à s'amuser franchement avec lui, et réciproquement (car Adrien a lui aussi au départ quelques préventions contre la jeunesse qui vit séparée par des coupe-feux comme Facebook et vont vérifier dès le matin si de nouvelles représentations d'eux sont entrées dans le Réseau). Au bout du compte, tout ces apparents nihilistes s'aiment bien. Il ne faut pas confondre n'en faire qu'à sa tête et se ficher de tout avec de la désinvolture, car il y a beaucoup de passion et d'amour dans tout ce qu'on voit et entend ici.

Ainsi, au delà de l'espace et du temps, de l'Amérique à Hong Kong, tous les protagonistes du film vibrent de la même manière, comme continueront de le faire dans un futur lointain d'autres jeunes en écoutant du Jean-Baptiste Rameau dans leurs stations orbitales, car l'exaltation que porte ce film sur un certain passé demeure, se dissémine, et c'est toujours vers le futur qu'on regarde. "Le futur, hier, était bien charmant", dit Adrien, et il le sera sans doute demain.

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