13/07/2011

Un rapport intitulé Le cinéma européen à l'ère du numérique va être discuté au Parlement européen aujourd'hui (lire l'info) qui constitue une invitation à reconsidérer la fonction même du cinéma - quel rôle joue-t-il à l'ère du numérique ? Le cinéma doit être envisagé sous deux angles : d'une part comme un produit culturel sur lequel les investissements ont des effets de long terme intangibles, d'autre part comme une branche importante de l'industrie européenne. Si la création est le coeur de la culture, l'industrie lui sert de poumons.

La technologie numérique affecte la distribution des films via des plateformes linéaires et non-linéaires comme l'Internet et la VàD, qui facilitent l'accès des citoyens au cinéma européen. Pour beaucoup de films d'auteur et de films à petits budgets qui ne sont pas largement distribués ou ne parviennent pas jusqu'aux festivals, la numérisation est une opportunité de toucher davantage de spectateurs. Un autre élément important de la popularisation des films est la facilité qu'il y a à ajouter des sous-titrages dans toutes les langues à une copie numérique : cela facilite grandement la circulation des films au sein de l'Union européenne. L'introduction par les États-membres de cours de cinéma à tous les niveaux du cursus scolaire est également essentielle : cet investissement de long terme dans le jeune public lui permet de développer une approche critique des images et du langage filmique et de cultiver un goût pour le cinéma en tant qu'art.

Une coopération efficace avec des instances techniques et financières est également cruciale pour que l'industrie du cinéma respire librement.

Les États-membres et les institutions européennes doivent prendre en charge le cinéma pour qu'il reçoive le soutien qu'il mérite. La transition numérique présente de nouvelles opportunités en termes de production, de distribution et d'accès aux cinémas européens. Le processus de transition doit être finalisé promptement et bien coordonné aux niveaux national et européen. Des modèles financiers variés et modulables existent pour permettre la numérisation des cinémas. Elle peut reposer notamment sur les fonds européens et les prêts accordés par la Banque européenne d'investissement, les fonds dépendant du Programme MEDIA, ou encore des mécanismes incluant les distributeurs et exploitants.

La numérisation est une priorité et devrait être envisagée sur le long terme, en tenant compte de l'innovation technologique constante et de la nécessité de s'adapter au fur et à mesure aux nouveaux formats qui apparaissent. La responsabilité des États pour ce qui est de recenser et cataloguer les oeuvres audiovisuelles pour les générations futures est aussi très importante.

Comme pour tout organisme vivant, la santé du cinéma européen dépend du fonctionnement harmonieux de ses organes. Elle nécessite une coopération efficace au sein de l'industrie et le soutien des États-membres comme des institutions européennes. Le rapport Le cinéma européen à l'ère du numérique envoie un message politique clair à l'industrie du cinéma et nous contraint à prendre des mesures concrètes pour soutenir notre cinéma.

(Sur Piotr Borys: député européen polonais élu par le parti Plate-forme civique, qui fait partie du groupe du Parti populaire européen. Membre de la Commission de culture et de l'éducation, il présente aujourd'hui à Bruxelles le rapport intitulé "Le cinéma européen à l'ère numérique")