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VENISE 2011 Hors-Compétition

La Désintégration comme métaphore du terrorisme

par 

Présenté Hors-Compétition lors de la 68e Mostra de Venise, La Désintégration [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
traite une fois de plus de la ghettoïsation d’une jeunesse française qui, parce qu’elle est issue de l’immigration, a hérité son lot de discrimination en même temps qu’un nom et un patrimoine génétique étrangers. C’est un sujet qui passionne le réalisateur/scénariste Philippe Faucon qui a déjà consacré plusieurs films à ce thème (Samia, Mes Dix-sept ans, La Trahison [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
).

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Dans la banlieue lilloise, 3 frères marocains sont confrontés à la difficile intégration au sein d’une société qui n’a pas été conçue pour eux. Tandis que l’un envisage d’épouser une jeune Française, les deux autres connaissent des déboires qui les rapprochent de Djamel, un charismatique défenseur du Coran qui prêche sournoisement le retour aux voies d’un Islam intégriste. Manipulateur, Djamel exploite les faiblesses de ses proies pour les aiguiller vers le terrorisme armé, seul moyen de défense, selon lui, contre une société qui ne veut pas leur faire de place et qui a préféré s’éloigner de dieu...

Avec La Désintégration, Philippe Faucon a désiré raconter une fiction qui aborde le sujet épineux, mais surtout éculé du terrorisme sans pour autant tomber dans les travers du manichéisme simplificateur. L’intention est appréciable, mais peine parfois à se concrétiser à l’écran. Son cadre, le réalisateur l’envisage comme une fenêtre ouverte sur le malaise autour de l’intégration maghrébine dans la France d’aujourd’hui. Ouverte, parce que sans filtre sur son film, l’image saute aux yeux d’une caméra crue, comme si le moindre sens esthétique aurait trahit l’authenticité en lui ponctionnant sa gravité. Entre la difficulté à trouver un travail, le racisme et la stigmatisation de l’autre, l’histoire passe rapidement de la cause à l’effet à savoir la désintégration, au propre comme au figuré pour ne pointer qu’une métaphore parmi d’autres dans le film. "Celui qui imite un peuple en fait partie" prêche Djamel pour transformer la colère de ses ouailles envers la société en devoir de marginalisation. C’est le type de message qui fait réfléchir.

Pour ne pas stigmatiser la religion, mais seulement une mauvaise utilisation de celle-ci, le réalisateur revient régulièrement sur la doctrine de la mère, immigrée de première génération, qui n’a de cesse de redéfinir sa bonne pratique du Coran par opposition au lavage de cerveau que subissent deux de ses fils. Pour elle, il s’agit de parler de l’Islam sans haine, mais d’en respecter les préceptes malgré tout. Elle n’a pas entamé le processus de désintégration qui touche ses enfants. Elle est au centre de l’échelle, stationnaire. Au sommet, sa fille se considère comme Française, intégrée jusqu’à feindre l’incompréhension du langage parental. "Il faut apprendre à comprendre", lui dira sa mère exaspérée, mais réaliste. Plus bas, un autre fils a entamé le processus d’intégration ascensionnelle en se fiançant à une française. Mais ailleurs, c’est la dégringolade et le processus n’est pas moins précipité quand arrive le moment fatidique de l’embrigadement Jihadiste.

«Seuls les impies ont peur de la mort parce que s’ils perdent la vie, ils perdent tout.» Est-ce là le type de discours qui a pu conduire aux drames du 11 septembre 2001 ? Philippe Faucon semble le penser lorsqu’il met en scène son groupe de martyrs dans une version revue des attentats contre le World Trade Center, ici remplacé par le siège bruxellois de l’OTAN. Deux avions kamikazes, deux voitures piégées et une troisième qui se solde par une tentative avortée. Trop simple, là aussi, pour nier l’évidence de la comparaison...

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