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CANNES 2012 Quinzaine des réalisateurs

Adieu Berthe : valse-hésitation et leçons d’outre-tombe

par 

- Bruno Podalydès signe une chronique burlesque et inventive avec son excellent frère Denis dans un rôle en filiation directe avec Jacques Tati.

Instant de détente aujourd’hui à la Quinzaine des réalisateurs du 65ème Festival de Cannes, puisque le "temple des auteurs" s’est évadé du côté de la comédie avec le divertissant Adieu Berthe – l’enterrement de mémé [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Bruno Podalydès. Interprété à merveille par le lunaire Denis Podalydès (frère du réalisateur), le film joue avec entrain une partition mêlant burlesque et marivaudage, tout en abordant avec légèreté les sujet de la communication, du conditionnement social et des choix de vie.

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Armand (Denis Podalydès) est pharmacien dans une ville tranquille de banlieue parisienne. Adulte à l’esprit encore empreint d’enfance, il aime faire des tours de magie (un thème déjà effleuré par le cinéaste dans le Le parfum de la dame en noir, présenté hors compétition à Venise en 2005) et sa vie oscille entre sa femme Hélène avec qui il travaille (Isabelle Candelier) et sa maitresse Alix (une truculente Valérie Lemercier). Mais au fond, il ne sait pas vraiment ce qu’il veut et l’annonce du décès de sa grand-mère (si discrète qu’il l’avait presque oubliée) va le sortir de sa routine.

L’organisation des obsèques tourne à la farce hilarante avec catalogues de cercueils télécommandé, bio ou biplace, promotion à – 50 % pour les crémations nocturnes, serveur vocal ("Décédé Tapez 1", "Fin de vie Tapez 2") et dialogue de sourd avec un opérateur de service clientèle basé à l’étranger… Poussé par sa belle-mère (dont il dépend financièrement) vers la société Définitif ("avec Définitif, c’est définitif") dirigé par un gourou New Age (Michel Vuillermoz) friand de démonstrations 3 D, de formules Harmonie, Arc en Ciel ou Twilight, et d’arguments de vente grotesques ("Yul Brynner est enterré dans le même"), Armand s’émancipe en cachette en choisissant le plus humain concurrent Obsecool. Et le voilà parti en excursion campagnarde vers la maison de retraite de Mémé Berthe pour chercher si elle a laissé des instructions concernant ses obsèques. Une enquête qui ne sera pas sans conséquences puisqu’il découvrira des secrets d’outre-tombe entrant en résonnance avec la valse-hésitation qui caractérise sa vie.

Assumant totalement ses partis-pris d’humour décalé, Adieu Berthe ne manque pas de charme, même si l’intensité se disperse quelque peu dans la seconde partie avant une pirouette finale bien trouvée. Sorte d’hommage personnel au cinéma de Jacques Tati avec un Denis Podalydès sillonnant la ville sur sa patinette à moteur, le film tisse aussi son récit autour du sujet de la communication (le père d’Armand est atteint de la maladie Alzheimer, Alix et Armand s’échangent sans cesse des SMS affichés plein écran, le fils d’Armand vit cloîtré dans sa chambre en immersion totale devant des jeux en réseau, les époux tentent de dialoguer autour d’une séparation éventuelle, Mémé envoie des messages d’outre-tombe…). Teinté d’un brin de nostalgie, le style de Bruno Podalydès pose dans la bonne humeur les questions du déconditionnement, des choix de vie et de la volonté de choisir. Et comme dans un tour de magie sans prétention, mais hors de portée du commun, le cinéaste réussit à orchestrer avec talent son petit ballet de l’humain dans sa relative banalité en un mélange doux-amer de dérision distanciée et de tendre affection.

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