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CANNES 2012 Semaine de la Critique

Au galop : Un homme et trois femmes

par 

- Un premier long métrage romanesque pour l’acteur Louis-Do de Lencquesaing. Famille, catharsis et confusion des sentiments.

Annoncé par le délégué général de la Semaine de la Critique comme une oeuvre "truffaldienne", Au galop [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Louis-Do de Lencquesaing qui a été dévoilé aujourd’hui en compétition dans la section parallèle du festival de Cannes, n’a pas démenti cette filiation sans toutefois égaler le maître Truffaut.

Premier long métrage de réalisateur d’un acteur chevronné (48 ans), le film emprunte les sentiers balisés de la quête d’identité à travers les événements (ou les épreuves) sentimentales. Centré sur le personnage de l’écrivain Paul (incarné par le cinéaste dans la lignée de son travail dans Le père de mes enfants), un quadra divorcé et désabusé, vivant seul avec sa fille (Alice de Lencquesaing), l’intrigue flotte entre deux interprétations possibles : soit il s’agit d’un roman que le spectateur voit prendre forme peu à peu sous ses yeux avec ses trajectoires archétypales (ce que pourraient suggérer les passages très littéraires en voix-off), ou bien se dessine en miroir l’autoportrait d’un homme ayant du mal à se définir et à communiquer ses émotions. Une fois ces hypothèses posées (et auquel le film, assez habilement, ne donnera jamais de réponse), se déroule le fil de ce que l’on pourrait appeler "la vie" avec son cortège de questionnements classiques sur l’amour, la fidélité, la mort, les souvenirs, le raisonnable et le déraisonnable, les relations filiales, le non-dit et l’exprimé, etc… Mais le tout est évoqué avec une simplicité et une absence de parti-pris moral(iste) qui préservent le charme d’un récit sans grande surprise.

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A travers Paul sont esquissés trois générations de femmes. Celle de sa fille Camille qui sort de l’adolescence et découvre l’amour et l’indépendance, celle d’Ada (l’excellente actrice italienne Valentina Cervi) qui se lance dans une aventure extra-conjugale avec l’écrivain, et celle de Mina (Marthe Keller), la très bourgeoise mère du romancier qui commence à perdre pied à la mort de son mari. Car Au galop est traversé par la foudre cathartique de ce deuil qui ébranle Paul et son frère François (un très bon Xavier Beauvois). Comme le souligne l’un des protagoniste : "on déraille un petit peu en ce moment, mais c’est passager." Des sanglots au fou-rire nerveux, de la résurgence de l’inconscient à travers les rêves où apparaît le défunt à la cellule familiale se resserrant dans la banalité des moments difficiles, le film tente de jeter des ponts entre mort et renaissance, poids du passé et de ses cicatrices (évocation explicite de la fin d’un monde de La Cerisaie de Tchekhov) et du caractère indomptable et incompréhensible du "cœur qui bat, celui de notre enfance à jamais inachevée." Un cœur fragile qui reprend toujours le dessus pour des personnages un peu désorientés dans un univers affectif trop vaste pour eux, ce qui pourrait servir de métaphore à un film inégal, parfois maladroit (trop de coïncidences), mais très bien interprété et plus singulier qu’il n’y paraît, comme la vie elle-même dont la simplicité n’est pas forcément synonyme de facilité.

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