08/10/2012 - Deux ans après La prima cosa bella, le Livournais revient sur les écrans jeudi avec l'histoire d'un couple qui s'aime à la folie mais n'arrive pas à avoir d'enfants

Un couple, un amour total mais incomplet, un problème insoluble : voilà les ingrédients du film qui marque le retour sur les écrans de Paolo Virzì deux ans après La prima cosa bella [+lire aussi :
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fiche film] (candidat italien aux nominations pour les Oscars en 2011). Tutti i santi giorni [+lire aussi :
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interview : Luca Marinelli
fiche film] (litt. "toutes les saintes journées") est un film simple, léger, interprété par des semi-inconnus, qui s'intéresse à un couple et à son histoire d'amour. Il a à la vérité tout du premier long métrage, et semble d'ailleurs boucler la boucle tracée par Virzì avec son premier film, La bella vita (1994),où Sabrina Ferilli et Claudio Bigagli jouaient deux époux en pleine crise. Ici, le réalisateur livournais choisit de mettre en scène "un récit humain dans la société italienne gelée d'aujourd'hui", c'est-à-dire dans la congère d'une banlieue romaine ignorante et violente où les personnages, excentriques chacun à sa manière, semblent avoir atterri par erreur.

Guido surtout semble un martien, non seulement parce qu'il a le visage lunaire de Luca Marinelli (La solitude des nombres premiers, L'ultimo terrestre), mais parce qu'il est doux, réservé, passionné par les langues anciennes et les saints. Malgré ses études classiques, il est gardien de nuit dans un hôtel et se satisfait de cet emploi parce que pendant les longues nuits passées à la réception, il peut lire tranquillement, hors du temps, et quand il rentre chez lui aux aurores, il trouve sa chère et tendre encore au lit. Cette dernière, Antonia (interprétée par la chanteuse sicilienne Thony, une artiste dénichée par Virzì sur MySpace qui a aussi composé la bande originale du film), est le contraire de Guido : tourmentée, impétueuse, un peu boudeuse. Elle écrit des chansons bouleversantes et parfois, le soir, elle les chante dans des bars où personne ne l'écoute. En vraie rockeuse vivant d'expédients, elle se contente de jour de travailler dans une agence de location de voitures. Le matin, Guido amène le petit-déjeuner au lit et ils font l'amour, "toutes les saintes journées". Pourtant, en six ans, ils ne sont toujours pas arrivés à faire un enfant.

Virzì écarte l'objection selon laquelle deux personnalités aussi différentes ne peuvent s'accorder : "Nous sommes habitués à croire aux masques grotesques comme Fiorito (un membre du Conseil régional du Latium qui vient d'être arrêté pour avoir utilisé des fonds publics à des fins personnelles, ndlr.) parce que c'est ce dont parlent tous les jours les journaux télévisés, mais les Guido et Antonia existent, et leurs étrangetés n'enlèvent rien à leur vérité humaine". Les contraires s'attirent, c'est bien connu, et Guido et Antonia s'aiment tellement qu'ils arrivent à surmonter des obstacles qui mettraient à mal la grande majorité des couples – car on se quitte pour bien moins. L'absoluité de cet amour donne au film le ton de la fable, et la spontanéité de Thony, pour la première fois à l'écran (peut-être la seule, du moins l'artiste ne semble-t-elle pas beaucoup s'en soucier), est une véritable bouffée d'air frais pour le spectateur résigné à voir dans les films italiens toujours les mêmes visages.

Tutti i santi giorni, librement inspiré du roman La generazione de Simone Lenzi, sort jeudi 11 octobre dans 300 salles transalpines, distribué par 01. Le film a été produit par Motorino Amaranto, la société de Virzì, avec Rai Cinema et la banque Mps.

(Traduit de l'italien)