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FESTIVALS Grèce

Loving : le drame impossible de l'équation conjugale

par 

- Coup de coeur personnel au 53e Festival de Thessalonique, le second film du réalisateur polonais Slawomir Fabicki est l'une des bonnes surprises de la compétition internationale.

Le second film du réalisateur polonais Slawomir Fabicki était repris dans la compétition du 53e Festival International de Thessalonique qui a salué l’interprétation de Julia Kijowska avec le Prix de la Meilleure Actrice. Dans ce drame intime admirablement maîtrisé de bout en bout, la jeune femme accouche d’un rôle exigeant qui tire le meilleur parti de son charisme physique et émotif, quelque part entre Debbie Harry, Noomi Rapace et Scarlett Johansson. Il n’en fallait pas plus pour conférer à cette histoire de couple dans la tourmente, un cachet réaliste et une densité particulièrement prenante.

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Maria (Julia Kijowska) est enceinte de 8 mois lorsqu’elle est violée par son patron, le maire de la ville. Désorientée et humiliée, Maria prend la décision de cacher ce drame à son mari, Tomek (Marcin Doroncinski), convaincue qu’elle pourra le surmonter. Dès la naissance cependant, Maria sombre dans une phase de dépression post partum et face à l’incompréhension de Tomek, le couple commence à battre de l’aile. Quand elle se confie enfin à son mari, il encaisse difficilement la nouvelle. Sa réaction épidermique se traduit par un sentiment d’apathie envers la jeune femme. Jaloux, frustré et humilié à son tour, Tomek éprouve de plus en plus plus de répulsion pour son épouse qu’il culpabilise. L’homme s’éloigne et menace de ne jamais revenir.

Fabicki s’est fait remarquer dès sa nomination aux Oscars 2002 avec son court métrage A Man Thing. 4 ans plus tard, son premier long métrage Retrieval [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
avait remporté le Prix du Jury Oecuménique à Cannes et dans cette histoire, il était déjà largement question d’éloignement amoureux. Loving (Miłość) replonge dans ce thème qu’il aborde avec un angle différent, celui du trauma qui catalyse les dysfonctionnements d’un couple jusqu’à les rendre insupportables. En réalité, le trauma est double. Il y a d’abord la naissance d’un premier enfant qui peut ébranler n’importe quel binôme conjugal, mais il y a surtout un viol sordide — habilement filmé en semi hors-champs — tellement mêlé à cette maternité que le père ira jusqu’au test ADN, comme une étape obligatoire pour reconduire l’amour qu’il porte à son enfant. Pour ce qui est du couple, Loving passe par toutes les étapes du questionnement et de l’incompréhension allant du malentendu à la profonde identification qui pousse le spectateur à juger des personnages profondément humains. 

Pour le réalisateur, la force penche du côté de la gente féminine tandis que les hommes oscillent entre soumission et couardise, incapable d’assumer la moindre décision. Si le personnage de Maria parvient déjà, seule, à vaincre ses démons, l’archétype de la dame de fer est campé par la mère de Tomek, une femme dure et manipulatrice jusque dans la phase terminale de son cancer. En somme, les femmes comprennent les hommes qui, eux, ne comprennent rien. Ces séquences démontrent à quel point l’écriture du film est astucieuse en alternant passages humoristiques et douloureux. 

Loving est un drame tendu sur les fondements de l’Amour et le poids des épreuves. Son habile mise en scène et la force de ses interprétations tiennent le spectateur en haleine dès son introduction jusqu’à un épilogue qui verse — peut-être un peu trop franchement — dans le symbolisme clérical, mais qui a le mérite d’apporter une lueur d’espoir au couple, une notion de plus en plus fragile et incertaine.

 

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