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VENISE 2013 Venice Days

Des adolescents fuient leur prison buissonnière dans La Belle Vie

par 

- Jean Denizot présente aux Journées des auteurs de Venise son premier long métrage, qui évoque le difficile passage à la vie adulte via un récit inspiré de l'Affaire Fortin

Des adolescents fuient leur prison buissonnière dans La Belle Vie

Qu'est-ce que c'est que "la belle vie", pour un adolescent ? Vivre dans la nature en se contentant du strict nécessaire, sans esclaves ni patrons, ou bien ce qui est encore à venir : conduire une voiture, sortir avec les amis, vivre son premier amour ? C'est la question que se pose Jean Denizot dans son intense premier long métrage, La Belle Vie [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Jean Denizot
fiche film
]
, présenté aux Journées des auteurs-Venice Days de la 70ème Mostra de Venise.

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Sylvain (Zacharie Chasseriaud) et Pierre (Jules Pelissier), 16 et 18 ans, paraissent heureux. Ils courent dans les champs, rient, se jettent dans des cascades et ne vont pas à l'école. Ils sont libres. C'est toutefois une liberté de surface, car en vérité cela fait plus de dix ans qu'ils vivent cachés. Leur père, Yves (Nicolas Bouchaud), les a enlevés quand ils avaient 5 et 7 ans, après que leur mère ait obtenu leur garde. Depuis, ils vivent dans la clandestinité, dans les montagnes, sous de faux noms, comme des nomades. Ils paraissent heureux, mais ils ne le sont pas – du moins Pierre, l'aîné, a-t-il cessé de l'être. Quand la police se lance sur leurs traces, ils s'échappent. La "belle vie" leur pèse, la solitude les étouffe.

À partir de l'Affaire Fortin, un fait divers qui, il y a quatre ans, a tenu la France en haleine, Denizot raconte la dernière fuite désespérée d'Yves avec Sylvain, le seul de ses deux fils qui a choisi de rester avec lui. Son avis change quand il tombe amoureux de Gilda, qui a un visage d'enfant et la voix profonde de Solène Rigot (déjà vue dans 17 filles [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
). Cette dernière fait entrevoir à Sylvain la possibilité d'une vie différente. Gilda a elle aussi grandi trop vite (son père étant alcoolique, c'est elle qui depuis toujours vide les bouteilles dans l'évier), mais ensemble, les jeunes amoureux goûtent à l'insouciance qui est le propre de leur âge – aux baignades dans la rivières, aux courses en bicyclette... Mais pour vivre une vie normale, il faut sortir à ciel ouvert.

La Belle Vie raconte non seulement une histoire incroyable (comment peut-on disparaître pendant dix ans de la main de son propre père, loin de sa mère, et accepter ce choix ?), mais il évoque aussi les difficultés du passage à la vie adulte. "Être séquestré par son propre père est à la fois un cauchemar et un exemple de fusion totale avec le modèle", explique Denizot. C'est que les enseignements du père ont tous de puissants fondements éthiques ("l'argent ne sert à rien", "ni esclaves, ni patrons"). "Quand j'ai entendu pour la première fois, à la radio, les vrais protagonistes de l'affaire, j'ai été frappé par l'intelligence et la culture de ces garçons, bien qu'ils ne soient jamais allés à l'école", se rappelle le réalisateur.

"Au tribunal, on te défendra", dit Sylvain à son père avant de s'en aller, et à l'homme doux et posé qui le regarde partir, cela semble suffire : il a fait son devoir, il a élevé ses fils selon ses principes, ils les a eus auprès de lui pendant des années. Quitte à les enfermer, dans une prison buissonnière. 

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(Traduit de l'italien)

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