15/11/2013 - Le docufiction d’Alberto Fasulo décrit la vie criblée de difficultés des routiers pendant la crise économique européenne

"Branko, j’ai une bonne nouvelle,” dit Isa à son mari au téléphone alors qu’il conduit un camion gigantesque sur les autoroutes du Nord de l’Italie. “Il y a un poste d’enseignant ouvert pour toi jusqu’à la fin du mois de Juin.” Branko hausse ses épaules. “Je ne sais pas Isa. Je gagne maintenant trois fois ce que je gagnais dans l’enseignement…” 

C’est à ce moment là dans TIR [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Alberto Fasulo
fiche film], le film d’Alberto Fasulo en compétition au Festival du Film de Rome, que le spectateur comprend qu’il est témoin d’un sacrifice humain. Un sacrifice que des millions d’autres sont aussi en train de faire – en acceptant des boulots extrêmement difficiles à des milliers de kilomètres de chez eux, pour donner une vie digne à leurs familles.

TIR raconte quelques jours dans la vie de ces nomades motorisés sur les autoroutes d’Europe. Alberto Fasulo, 37 ans de Friuli, est connu en tant que cinéaste documentariste. Son fameux Rumore Bianco (2008) a été sélectionné dans plusieurs festivals autour du monde et distribué en Italie. Le film racontait l’histoire de la rivière Tagliamento. TIR est son premier film de fiction, bien qu’il aurait pu être un documentaire. Lauréat du prix Solinas, le scénario est le résultat d’un long travail d’écriture qui aura duré quatre ans. Pendant cette période, le cinéaste a alterné des phases de recherches sur le terrain et d’autres pendant lesquelles il réfléchissait aux informations qu’il avait réuni avec ses collègues scénaristes Enrico Vecchi, Carlo Arciero et Branko Zavrsan. Tout ça avec une crise économique colossale en toile de fond.   

Au final, Fasulo a convaincu l’acteur slovène Branko Zavrsan (No Man's Land) de vivre en symbiose avec lui et sa caméra dans la cabine d’un camion pendant trois mois, après avoir passé son permis poids lourd et décroché un contrat à court terme avec une compagnie de transport italienne. “Plus que la création d’un conte sociologique, je voulais me mettre dans la peau de mon personnage et le filmer pendant un moment intime de crise, pendant lequel il était obligé de faire un choix qui n’était pas seulement pratique mais aussi éthique et existentiel.” 

Avec un budget de seulement €250 000, TIR est une production Nevertiti Film avec Focus Media, en collaboration avec RaiCinema. Le film sera distribué par Tucker Film, qui s’occupe actuellement de la sortie de Zoran de Matteo Oleotto (prix du public à la Semaine de la Critique à Venise).