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INTERVIEW France

Claire Simon – Réalisatrice de Gare du Nord

Claire Simon – Réalisatrice de Gare du Nord

Après Les Bureaux de Dieu [+lire aussi :
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, la réalisatrice et documentariste Claire Simon renoue à nouveau avec la fiction dans Gare du Nord [+lire aussi :
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 où elle fait se croiser les destins de quatre personnages. Et propose parallèlement "garedunord.net", un webdoc en ligne depuis le 2 septembre.

Pourquoi avoir choisi de vous immerger gare du Nord ?
Parce que c’est la gare sulfureuse, la gare dangereuse à la mauvaise réputation : une gare très mixte où les voyageurs qui viennent de banlieue côtoient les cadres qui se rendent à Bruxelles, Cologne, Amsterdam ou Londres. Et puis c’est une gare énorme, c’est quand même la troisième gare du monde. Mon idée de départ était vraiment de brosser un résumé de la vie à travers elle.

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Comment vous et vos trois assistants avez-vous procédé durant cette période de recherche ?
Nous avons commencé par "écouter". Nous rencontrions des gens. C’était une partie du travail très ingrate et parfois déprimante parce que les choses nous échappaient en permanence – les gens sont pressés, ils partent au travail. C’était très important d’être à plusieurs : en écoutant les autres, c’est souvent son propre portrait qu’on dessine. Le fait d’être quatre nous garantissait un éventail de personnages plus large – chacun entendait des choses qui reflétait ses propres préoccupations.

Comment avez-vous procédé ensuite ?
Nous faisions des lectures au fur et à mesure que nous décryptions nos enregistrements. A partir de ces bribes récoltées, des personnages se dessinaient peu à peu. Celui de Mathilde, par exemple, est né du récit que m’a fait une vendeuse de la boutique de bijoux Agatha, installée au fin fond de la galerie du RER. Elle m’a raconté l’histoire d’une femme en chimiothérapie qui venait tous les deux jours essayer des colliers. J’ai trouvé très forte l’idée que cette femme ressente le besoin de transiter par son magasin après avoir quitté sa maison et avant de se rendre à l’hôpital.

Gare du Nord suit les destins de quatre personnages. Le choix a-t-il été difficile ?
Il y avait tant de matière ! Ce travail fragmentaire renvoie un peu à l’infini. D’où la réalisation d’un documentaire en parallèle, d’où le webdoc. J’ai longtemps aussi caressé l’idée d’en faire un spectacle au théâtre, aux Bouffes du Nord, très précisément. Pour revenir à la question, ce qui était difficile, c’était de réussir à tisser des liens entre les personnages. Il fallait qu’on comprenne leur vie à travers la façon dont ils regardent les autres.

Tourner dans la gare supposait un certain nombre de contraintes.
La lumière du lieu est si intéressante et l’architecture, tellement dessinée, que j’ai finalement été surprise de voir à quel point tout était facile à filmer. Une gare est comme un immense studio de cinéma, orienté au sud pour que la lumière tourne autour. C’est dur d’atteindre une telle qualité de lumière – Martin Scorsese ne s’y est pas trompé en réalisant Hugo Cabret. Et c’est un studio où se trouve la vie : dès le début, je voulais tourner en conditions réelles, avec les gens autour, même si j’aurais aimé être encore davantage dans la foule. Après, bien sûr, il y avait la contrainte très forte des horaires que nous donnaient la SNCF et que nous devions évidemment respecter.

Quelle prochaine immersion avez-vous en vue ?
Je vais refaire le travail que j’ai fait gare du Nord au bois de Vincennes.

Source : Le Nouvel Obs

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