06/02/2015 - Ce film de Frédéric Baillif et Kantarama Gahigiri, en lice pour le Prix du Public des Journées de Soleure, dépeint avec courage et sensibilité des jeunes trop souvent marginalisés

Le premier long-métrage de fiction des Suisses Frédéric Baillif et Kantarama Gahigiri, écrit en collaboration avec Frédéric Landenberg, est un véritable road movie helvétique qui nous rappelle la force et la fraîcheur d’un certain cinéma états-unien indépendant. Tapis Rouge, en compétition pour le Prix du public des Journées de Soleure, affronte la réalité souvent difficile de la vie des quartiers “problématiques” avec un courage et une sensibilité esthétique affirmée.

Un éducateur tente de tisser des liens profonds avec un groupe de jeunes de la banlieue «chaude» de Lausanne. Pour se rapprocher de leur univers, il les aide à développer une idée à première vue assez loufoque : écrire un film sur leur existence. Pour réaliser leur rêve, il organise ensuite un voyage initiatique au Festival de Cannes qui permet à ses participants non seulement de surmonter leurs peurs, mais aussi et surtout d’exaucer leurs souhaits.

Une histoire simple en apparence, mais inspirée des expériences réelles des jeunes de la banlieue de Lausanne des Boveresses. Des acteurs en herbe ont relevé le défi de Frédéric Baillif et Katarama Gahigiri avec courage, détermination et une forte dose de spontanéité, offrant ainsi aux personnages une fragilité revitalisante. Tapis Rouge est à cheval entre la réalité et la fiction, une sorte de psychanalyse collective qui pousse ses protagonistes à se révéler sans pudeur, dévoilant des fragments de leur existence difficile. Les personnages sont des hybrides fictifs/réels, entre un monde de rêve et la rude vie quotidienne.

Les expériences, souvent douloureuses, des héros font office de matière première qui, peu à peu et grâce à la participation à d’intenses ateliers d’improvisation, fait partie intégrante de l’univers créatif de Frédéric Baillif. Un excellent exemple de ce travail minutieux sur le jeu des acteurs nous est offert : dans une des scènes, l'un des héros confesse sa timidité maladive avec les filles, une sorte de parenthèse où son univers intime est mis à nu devant la caméra. Les protagonistes de Tapis Rouge ont le courage d'explorer leur for intérieur devant un public témoin (involontaire) de leurs problèmes et de leurs rêves. La photographie de Joseph Areddy offre aux images une touche élégante et sophistiquée qui se marie parfaitement avec la brutalité quotidienne qui partage la vie des jeunes héros de cette brillante odyssée humaine.

Avec leur premier long métrage en "duo", nos cinéastes suisses parviennent à combiner de manière innovante la spontanéité et l'immédiateté de l'univers des documentaires avec le suspense et l'exactitude du monde formel de la fiction. La scène dans laquelle les jeunes lausannois sortent des tentes de camping qu’ils occupent, habillés en smoking improbables, est emblématique de la volonté de Frédéric Baillif et Katarama Gahigiri de transformer la vie quotidienne des héros en quelque chose de clinquant et fascinant esthétiquement. Tapis Rouge met en scène cette transformation incroyable au moyen de ce que nous pourrions appeler «la magie du cinéma", la puissance surréaliste du monde du cinéma. Une aventure humaine qui touche profondément.

Tapis Rouge a été financé grâce à une campagne de crowdfunding et au soutien du Centre de loisirs des Boverasses et de la ville de Lausanne dans le cadre de la campagne d'éducation "Moi et les Autres". Le film est produit et vendu dans le monde par Freshprod.

(Traduit de l'italien)