email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SOLEURE 2015

Thomas Hirschhorn-Gramsci Monument : portrait d’un personnage aux mille visages

par 

- Le Suisse Angelo Alfredo Lüdin livre une réflexion cinématographique sur un personnage complexe, à la limite de la schizophrénie

Thomas Hirschhorn-Gramsci Monument : portrait d’un personnage aux mille visages

Après le portrait impressionnant de l’atrice et narratrice sangallienne Trudi Gernst puis du graphiste et organisateur d’événements (dont le célèbre festival de jazz de Willisau) lucernois Niklaus Troxler, Angelo Alfredo Lüdin se penche sur l'artiste helvétique Thomas Hirschhorn dans le documentaire Thomas Hirschhorn-Gramsci Monument [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, en lice pour le Prix de Soleure aux Journées de Soleure). Le résultat est un portrait cinématographique savant d’un personnage controversé et mystérieux qui jongle entre fiction et réalité, entre le public et l'intime. Le film joue sur la notion de “personnage publique” en mettant l’accent, de manière subtile et modérée, sur l’homme qui se cache derrière le mythe, sur sa vérité profonde, au-delà de la construction médiatique. Lüdin met en évidence la complexité et l’ambiguïté d’un artisite suisse qui a un nombre impressionnant de visages différents.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

C'est sur l'invitation de la célèbre Fondation Dia Art des Forest Houses, un ensemble de logements sociaux situé dans le Bronx, à New York, que Thomas Hirschhorn a construit son "Monument à Gramsci", qui clôt définitivement sa série d'œuvres monumentales dédiées à ses philosophes préférés. L'artiste suisse a été aidé dans son travail par les habitants du quartier, qui sont devenus son bras droit et les témoins involontaires de son processus de création artistique – car le Monument à Gramsci est devenu, le temps d'un été, un point de rencontre privilégié pour les habitants de ce quartier sensible qu'est le Bronx, mais aussi et surtout le centre névralgique de l'univers sophistiqué de l'art contemporain.

Angelo Alfredo Lüdin assiste avec sa caméra à cette aventure humaine parfois paradoxale : son film livre la confession intime, souvent involontaire, d'un artiste qui doit faire face à l'écart, la plupart du temps abyssal, entre ambition artistique et réalité quotidienne. Le dernier long métrage du réalisateur originaire de Bâle révèle peu à peu, avec finesse et détermination, l'ambiguïté de la démarche artistique et les difficultés à rester fidèle à ses idéaux dans un environnement aussi rude que le Bronx, où il est facile de se perdre. Thomas Hirschhorn-Gramsci Monument n’est pas l'hagiographie filmique d'un artiste superstar mais l'analyse lucide et profonde d'un paradoxe. La force du documentaire de Lüdin réside dans la recherche incessante de l'erreur, de la faille dans le "système Hirschhorn", ce moment de vulnérabilité qui révèle le vrai visage d'un artiste complexe et énigmatique. Hirschhorn veut que son art se fonde dans la situation locale, mais en même temps, paradoxalement, il ne se soucie pas (ou plutôt il ne peut pas se permettre de s’inquiéter) des problèmes quotidiens auxquels les habitants du quartier sont confrontés.

Que restera-t-il après la destruction du monument à Gramsci?  La vie des habitants du Bronx aura-t-elle vraiment changé ? Telles sont les questions qui taraudent les personnes qui ont "réellement" construit le monument et sont devenus les pions d’un jeu aux lourdes conséquences. Angelo Alfredo Lüdin montre un artiste qui se bat entre ses ambitions personnelles et les difficultés concrètes qu'il rencontre, dans un monde artistique souvent perméable et hyper-intellectualisé. Grâce à la caméra du réalisateur qui documente sans relâche les étapes cruciales de la construction du monument, Hirschhorn est présenté tantôt comme un tyran, tantôt comme un messie venu transformer le triste quotidien de toute une communauté. On se glisse rarement avec autant de dextérité et de détermination dans l'esprit d'un monstre sacré de l'art contemporain. Le résultat est bluffant.

Thomas Hirschhorn-Gramsci Monument a été produit par Soap Factory GmbH, Schweizer Radio und Fernsehen et SRG SSR. Les ventes internationales du film sont assurées par Soap Factory GmbH.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy