22/04/2015 - Vania Leturcq s’interroge sur la fulgurance de l’amitié à défaut de sa permanence, et offre un écrin à un beau duo d’actrices, Constance Rousseau et Jenna Thiam

Clotilde et Aude sont amies depuis toujours. A l’aube de leurs 18 ans, elles s’apprêtent à passer leur bac, et s’interrogent sur leur avenir. Ou disons plutôt que Clotilde se projette pour deux.  Cérébrale, renfermée et un peu butée, elle étouffe dans son lycée de province, elle rêve d’ailleurs, et surtout de Paris. Elle pense savoir non seulement ce qu’elle veut, mais aussi ce que veut Aude. Cette dernière quant à elle vit dans l’instant. Aussi flamboyante que sa longue crinière rousse, elle semble évoluer comme un poisson dans l’eau dans sa petite ville. Affichant une sexualité que d’aucun trouve débridée, elle se laisse surprendre par Sébastien, qui envisage pour eux deux bien plus qu’un rapprochement de fin de soirée. Mais c’est sans compter sur les plans de Clotilde, qui à la faveur d’un héritage familial, décide que les deux jeunes filles emménageront à la capitale pour suivre leur voie académique qui lui semble toute tracée : philo pour l’une, Beaux-Arts pour l’autre. Portée par son amitié avec Clotilde et la foi que cette dernière a en elle, Aude se laisse convaincre. Mais les ambitions de ces deux Rastignac en jupon vont s’émousser face à la dureté du milieu académique, entre jugement impitoyable des pairs et dérive des sentiments. Alors que la société les somme de décider de ce qu’elles veulent devenir, encore faudrait-il qu’elles sachent ce qu’elles sont. Et pour bien se trouver, quoi de mieux que se perdre ?

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fiche film], Vania Leturcq déploie une belle énergie, de celles que l’on trouve dans les premiers films, pour dérouler son conte initiatique qui a la sagesse de ne pas porter de jugement définitif sur les aspirations de ses héroïnes. Elle est solidement épaulée par une utilisation organique de la musique comme contrepoint du récit, qui accompagne Aude et Clotilde dans leurs doutes et leurs atermoiements, leurs joies et leur détresse. La musique, c’est aussi celle de la piste de danse, où les corps parlent quand les mots ne suffisent plus. Les deux scènes de discothèque dialoguent entre elles et illustrent avec justesse le parcours des deux jeunes filles, de l’amitié fusionnelle à l’amitié toxique.

L’Année Prochaine a notamment reçu le Zénith d’Argent Prix à Montréal et été sélectionné en compétition au Festival Premiers Plans d’Angers. Le film est produit par Hélicotronc, que l’on arrête décidément plus. On attend dans les mois à venir Un homme à la mer [+lire aussi :
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fiche film] de Géraldine Doignon tourné l’été dernier, ainsi que De là où tu es, tu peux m’entendre [+lire aussi :
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interview : Jean-Philippe Martin
fiche film] de Jean-Philippe Martin, dont le tournage vient de s’achever. Hélicotronc produit également sa première série télévisée, La Trêve, réalisée par Matthieu Donck, dont le tournage vient de débuter. L’Année Prochaine est coproduit en France par Off-Shore, partenaire régulier d’Hélicotronc, avec le soutien du CCA, de la RTBF et de la Région Alsace.