email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LES ARCS 2015

Bang Gang: Les circonstances d'un déraillement

par 

- Eva Husson signe un premier long original, vivant et très libre sur les débordements sexuels intenses d'un groupe de lycéens

Bang Gang: Les circonstances d'un déraillement
Lorenzo Lefebvre et Marilyn Lima dans Bang Gang

"On n'est pas à l'école maternelle! Un peu de contact ! On est entre potes !" Audace bravache, attrait des interdits, désinhibition et désirs survoltés ne demandant qu'à s'extraire de leurs cages : à 16-17 ans, quoi de plus naturel que de vouloir se lancer dans de nouvelles expériences, découvrir son corps, apprendre à faire le tri entre instincts et sentiments ? C'est ce territoire d'excès, romanesque et cru, qu'explore, sans tabou mais non sans finesse, Eva Husson avec son premier long métrage, Bang Gang (une histoire d'amour moderne) [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Eva Husson
fiche film
]
.

Dévoilé à Toronto et prix Cineuropa au 7Festival de Cinéma Européen des Arcs, ce sujet "à sensation" très original dans le panorama du jeune cinéma français, ouvrait la porte à tous les risques de dérapages, mais le film les esquive plutôt brillamment, évoluant avec une grande aisance dans les scènes dénudées et délivrant un portrait assez juste de ces adolescents embarqués dans "une parenthèse exagérée".

"C'est l'année dont tout le monde se souvient. Un hiver sans fin, la canicule, les trains qui déraillaient et le début des bang gang." Invité par une voix off à revenir sur ce qui sera qualifié beaucoup plus tard dans le film de "scandale de la décennie au lycée", le spectateur prend le sillage de cinq jeunes personnages : la blonde "canon" Georges (Marilyn Lima), son amie la brune à priori plus coincée Laetitia (Daisy Broom), le "tombeur" et fêtard Alex (Finnegan Oldfield) qui vit seul dans une grande maison où il va bientôt héberger son pote de "défonce" Nikita (Fred Hotler), et enfin le décalé et renfermé Gabriel (Lorenzo Lefebvre) et sa passion du "beat style". Autour d'eux gravite toute une tribu qui ne va cesser de s'agrandir avec la popularité croissante et ultra débridée de ce qui débute comme un jeu (initié par dépit sentimental par Georges, trahie par Alex et Laetitia) : le bang gang. Et à rythme régulier, nourrie par les réseaux sociaux et les drogues, très loin des yeux des parents, une "débauche" sexuelle collective s'instaure qui ne sera pas sans conséquences dans la droite ligne de la citation de Jung mise en exergue du film : "La clarté ne vient pas de ce qu'on imagine le clair, mais de qu'on prend conscience de l'obscur".

S'attaquant frontalement à "un truc secret que les gens puissent voir", Eva Husson réussit le tour de force d'éviter de tomber dans le scabreux et le sensationnalisme sans pour autant jamais détourner la caméra des corps à corps envahissant de nombreuses séquences. Une prouesse découlant de sa très sensible perception des états d'âme confus de l'adolescence et de la spontanéité physique de cet âge, d'une direction d'acteurs remarquable et d'une mise en scène astucieuse et très dynamique emballée par la musique de White Sea (Morgan Kibby) et l'esthétique photographie du Danois Mattias Troelstrup. A travers un événement hors normes et sous son apparence transgressive, Bang Gang (une histoire d'amour moderne)) décode, sans jugements moraux (mais sans amoralité non plus), la nébuleuse des affects de la jeunesse contemporaine, un peu comme Larry Clarke l'avait fait avec Kids, et Eva Husson signe ainsi une entrée en matière plutôt fracassante dans le long métrage.

Produit notamment par Didar Domehri pour Full House, Bang Gang (Une histoire d'amour moderne)) sera lancé dans les salles françaises le 13 janvier prochain par Ad Vitam. Les ventes internationales sont pilotées par Films Distribution.

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy