«L’hospitalité» européenne
par Fabien Lemercier
- La grande perdante du festival est l'Europe. La production indépendante Made in USA l'emporte mais le futur de notre cinématographie n'est pas tout à fait noir...
Aucun prix sur les sept principales récompenses décernées en compétition
officielle (Tous les prix), tel est le bilan du cinéma européen au 56ème festival de
Cannes.
Violemment attaqué par la presse américaine qui l’accusait de ne primer
que des oeuvres européennes ou liées à des producteurs européens, le
Festival de Cannes a pris à contre-pied ses détracteurs. En octroyant la
Palme d’Or à l’américain Gus Van Sant pour Elephant et en violant
son propre règlement pour lui donner le Prix de la mise en scène, le
jury de Patrice Chéreau a couronné un cinéaste franc-tireur qui garde
une relative indépendance par rapport aux majors et qui dépeint dans son
film une jeunesse américaine déboussolée.
Respecté dans ses choix par une presse qui a trouvé le palmarès meilleur que le niveau moyen des 20 films en compétition, le jury s’est montré intransigeant (6 prix pour 3 films). Principale victime de ce resserrement du palmarès: Dogville de Lars von Trier avec Nicole Kidman, snobés par le jury malgré leurs performances innovatrices. Un zéro pointé scandaleux selon certains, mais justifié selon d’autres par la moisson de prix déjà remportés par le réalisateur danois et l’actrice australienne.
L’autre grand perdant du Festival est sans conteste la production
française dont la présence massive en compétition (5 films sur 20) n’a
débouché sur aucun prix. Et s’il est bien connu qu’en tant que
représentant du pays invitant, un président du jury français évite de
distinguer le film d’un de ses compatriotes, ce «sens de l’hospitalité» n’est-il pas en train de s’étendre à l’échelle de l’Europe?
Cependant l’avenir du 7ème art européen n’est pas si sombre puisque les
sections parallèles ont révélé de nombreux cinéastes en devenir, de
l’Italien Marco Tullio Giordana (La meglio gioventù) au Danois Christoffer Boe (Reconstruction), en passant
par la Française Julie Bertuccelli (Depuis qu’Otar est parti), le Norvégien Bent Hamer, l’Anglais
Roger Mitchell et l’Espagnol Jaime Rosales.
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