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BRUSSELS FILM FESTIVAL 2016 Web Report

All of a Sudden : quand la vie d’un fils prodige bascule

par 

- Pour son troisième film, la réalisatrice turque Asli Özge dépeint la bourgeoisie allemande. Un drame mystérieux et critique

All of a Sudden : quand la vie d’un fils prodige bascule
All of a Sudden d'Asli Özge

Présenté dans la section Panorama du Brussels Film Festival, All of a Sudden [+lire aussi :
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interview : Asli Özge
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nous fait entrer dans la vie de Karsten, garçon rangé d’une trentaine d’années, en couple et employé de banque. Un soir, il termine une soirée bien arrosée avec une inconnue, Anna. Tout bascule lorsqu’elle s’écroule à ses pieds. Il part chercher du secours vers la clinique la plus proche mais elle est fermée. À son retour, Anna est morte. Ainsi le monde de Karsten commence à chavirer. La police, elle, ne comprend pas pourquoi il n’a pas appelé les secours dans les quinze minutes qui ont suivi le malaise et l’accuse de non-assistance à personne en danger.

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Après avoir réalisé une fiction documentaire sur les banlieues d’Istanbul (Men on the bridge [+lire aussi :
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interview : Asli Özge
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, 2013), puis mis en scène un couple qui se déchire (La révélation d’Ela [+lire aussi :
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, 2015) en Turquie, Asli Özge réalise un film en allemand. Basée à Berlin, la réalisatrice turque a pris pour décor Altana, une petite ville allemande entourée de montagnes, ce qui permet d’intensifier son thriller, proche d’un huis clos étouffant. Comme dans Ela, le film s’intéresse à la classe aisée, ici à travers Karsten, fils prodige dont la vie bascule. Asli Özge analyse avec finesse les répercussions de ce virage dramatique. Si le début du film est sensuel entre Karsten et Anna, la suite devient plus sombre et énigmatique. Chaque personnage révèle progressivement son vrai visage, jusqu’au héros lui-même. Incarné par un Sebastian Hülk charismatique, Karsten est difficile à cerner. Il évolue sous nos yeux jusqu’à montrer le plus mauvais de lui-même.

Plus qu’un drame, All of a Sudden dénonce l’hypocrisie bourgeoise. La victime, Anna, immigrée russe, passe au final au second plan. La raison de sa mort n’est qu’un prétexte pour sauver le fils prodige du chef de la ville. Discrètement, Alsi Özge pointe du doigt le dédain de cette caste, autocentrée sur elle-même. Un sentiment de supériorité tout aussi sévère envers l’un de ses membres. Son père pense avant tout à sa réputation, tout comme son patron. Tant de facteurs qui feront naître chez Karsten une réelle soif de revanche.

L’atmosphère parfois oppressante du film est avant tout due à la qualité des images (Emre Erkmen, directeur de la photo) et de la bande sonore (Jan Schener). La lumière est maitrisée, il y a peu de mouvements de caméra et de nombreux plans larges sur les paysages ou les personnages. Mais la tension du film réside avant tout dans le son. Il n’y a pas de musique, à part peut-être un orgue dont le son n’est pas vraiment agréable puisqu’il est désaccordé. Les bruitages sont volontairement en accord avec les images parfois, tout comme les dialogues sont entrecoupés de silence. Une ambiance sombre et feutrée qui amène le spectateur à prendre du recul et à mieux cerner la société allemande conservatrice.

All of a Sudden est un film esthétique qui met subtilement en lumière les défauts de la haute société. Il dénonce son arrogance, sa frilosité face à l’immigration et son manque d’empathie. Cette volonté de toujours demeurer dans le paraître. Habilement, Alsi Özge a su, à travers son histoire, amener son spectateur à réfléchir sur ce milieu social et sa place dans nos sociétés européennes.  

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