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SARAJEVO 2016 Compétition

Los decentes : la fin de l’oasis

par 

- L’Autrichien Lukas Valenta Rinner reste en Argentine pour une cinglante et saisissante satire qui s’amuse à dénoncer les normes (et absurdités) de la société bourgeoise

Los decentes : la fin de l’oasis
Iride Mockert dans Los decentes

Une femme se présente à un entretien pour un emploi de domestique dans une maison luxueuse, établie dans une banlieue résidentielle protégée de Buenos Aires, un endroit occupé par des familles riches et bourgeoises, c’est-à-dire des gens "respectables". De l’autre côté de l’enclos vit une autre communauté : un groupe de nudistes qui se sont débarrassés de la notion conventionnelle de classe sociale (ainsi, surtout, que celle d’honorabilité) pour laisser place une libération sexuelle et mentale, en communion avec la nature. Comme on peut le prévoir, la femme se retrouvera bientôt attirée par le charme de cette oasis. 

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Voilà la prémisse du nouveau film de l’Autrichien installé en Argentine Lukas Valenta Rinner. Los decentes [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Lukas Valenta Rinner
fiche film
]
, projeté en avant-première dans le cadre de la compétition officielle du 22e Festival de Sarajevo, pose un regard atypique sur le choc entre deux manières de vivre qui semblent totalement opposées. Belén (l’héroïne de l’histoire, une Iride Mockert stoïque) travaille pour une famille absorbée par son propre petit monde, dominée par l’égoïsme matérialiste de la mère (Andrea Strenitz) et par l’obsession de son fils (Martin Shanly) à devenir un joueur de tennis professionnel. À quelques pas de là, les membres de la « famille » qui, éventuellement, feront de Belén l’une des leurs, passent leurs journées à se baigner dans la piscine, réciter de la poésie, marcher dans la forêt et s’adonner en groupe à des activités sexuelles parfois tantriques, parfois moins. Ce contraste entre les deux communautés est transmis de manière indirecte, à travers l’expression pantoise de Belén. Cette dernière passe en effet d’un monde à l’autre sans dire un mot (autre que le «bien sûr» par lequel elle répond à toute interaction verbale dans ce quartier chic, même quand elle flirte avec un des gardes à l’entrée) et sans laisser transparaître d’émotions (jusqu’à la fête du club nudiste, où elle réussira à esquisser un sourire).

C’est précisément cet ébahissement non déguisé qui a gouverné l’approche de Valenta Rinner. Avec sa mise en scène convaincante, ponctuée par des plans fixes et des compositions symétriques (voir la scène où Belén découvre pour la première fois la Vénus de Botticelli), son montage délibérément lent et ses occasionnelles rafales de percussions, Los decentes est un titre intrigant et original qui évoque un peu la Nouvelle vague grecque. Le film contient une dose généreuse d’humour pince-sans-rire (en particulier dans son tableau de la relation de Belén avec le garde de sécurité), un humour qui atteint son apogée dans une séquence hilarante où les nudistes sont caricaturés en animaux. Toutefois, le scénario (écrit par Rinner et Shanly en collaboration avec Ana Godoy et Ariel Gurevich) évite à l’excès les dialogues et la profondeur, laissant au spectateur un léger sentiment d’insatisfaction. Le film, enrobé d’une narration quasi engourdie, attend son dénouement radical et étonnant pour alors s’attaquer à une réelle confrontation entre les divers éléments du récit. Cette confrontation prend la forme d’une pétition pour fermer le club nudiste, d’un (possible) meurtre accidentel et de la décision ultime de Belén de défendre à tout prix l’oasis où elle a enfin trouvé le sourire.

Los decentes, une audacieuse coproduction entre l’Autriche (Nabis Filmgroup), l’Argentine et la Corée du Sud, reprend un thème semblable au film précédent de Rinner, Parabellum [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
 : celui du grand bouleversement des normes acceptables de la société et des règles conventionnelles qui codifient les relations humaines à travers des situations extrêmes qui, malgré le côté apocalyptique exagéré de Parabellum, ne sont pas si loin de la réalité.

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(Traduit de l'espagnol)

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