email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

NAMUR 2016

Sonar ou l’immersion sonore

par 

- Avec son premier long métrage, le réalisateur français installé en Belgique Jean-Philippe Martin se lance un défi passionnant, celui de mettre le son en images

Sonar ou l’immersion sonore

Jean-Philippe Martin, réalisateur français installé en Belgique, s'est fait connaître grâce à ses courts métrages Bbbrrrroomm et Lapin aux Cèpes. Avec Sonar [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Jean-Philippe Martin
fiche film
]
, présenté dans la catégorie meilleure première œuvre de fiction au Festival International du Film Francophone de Namur, il signe un premier long métrage tout en sensations, où l'ouïe, l'écoute, de l'autre comme du monde, permet de se reconnecter avec soi-même, et de reprendre le contact.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Thomas est preneur de son. Il semble désabusé, comme prisonnier d'un quotidien terne, dans lequel il n'y a plus d'étonnement, encore moins d'enchantement. Au hasard d'un café tiède sur une aire d'autoroute blafarde, il croise le chemin d’Amina. Ou plutôt, Amina rentre par effraction dans sa voiture et dans sa vie. Amina, exaspérée par la façon dont la traite son patron, fuit dans le fracas. Elle supplie Thomas de l'accueillir, même une nuit. Elle n'a pas de papiers, nulle part où aller, elle a besoin d'un ou deux jours pour se retourner. Amina s'installe dans le studio d'enregistrement où Thomas s'est retranché. Peu à peu, elle investit son univers, s'intéresse à son travail. Et malgré lui, et grâce à elle, Thomas va retrouver ce qui lui plait dans son métier. En dehors des prises de sons que Thomas effectue pour l'argent, il réalise aussi des portraits sonores. Quand Amina se propose comme sujet, il se laisse amadouer, et découvre avec émotion la dureté de son passé d'immigrée. Malgré les sentiments qui naissent entre eux, Amina le quitte brutalement quand Thomas manque de la soutenir. C'est un électrochoc pour Thomas, qui part à sa recherche au Maroc. En réécoutant ses enregistrements pour retrouver sa trace, il s'aperçoit qu'elle lui a menti, et sa quête change d'objet: ce n'est plus la Amina qui lui a menti qu'il recherche, mais la vraie Amina, celle qu'elle lui a cachée. Cette quête biographique se transforme en véritable voyage initiatique pour Thomas, qui découvre qu'en se mettant à l'écoute du monde et des autres, c'est aussi lui qu'il entend. 

Avec Sonar Jean-Philippe Martin se lance un défi passionnant, celui de mettre le son en images. Le film débute par une voix off, un récit dont on s'aperçoit plus tard qu'il s'agit d'un enregistrement. Les voix ont une importance toute particulière, Martin ose le noir pour faire toute la place aux voix, et paradoxalement, créer des images. "J'ai des images plein la tête" s'étonne Amina en écoutant les portraits sonores de Thomas. Le réalisateur use du décalage entre le son et l'image, multiplie les dialogues hors champ. Ses deux protagonistes ont semble-t-il perdu le sens du dialogue et de la communication, et ce n'est qu'avec le filtre du micro qu'ils parviennent à se livrer, même s'il faut parfois chercher la vérité sous le lustre du mensonge.  Pour se retrouver, Thomas a eu besoin de s'extraire, de se déraciner, et de brandir, entre lui et le monde, son micro, sorte de passeur de sens.  

Dans le rôle de Thomas, on découvre Baptiste Sornin, dont l'opiniâtreté du début laisse peu à peu place à une plus grande ouverture et appétence pour le monde. Eminé Meyrem prête toute sa fougue à Amina, tout en laissant deviner des failles que Thomas va s'empresser de vouloir découvrir. 

Sonar est produit par Hélicotronc, en coproduction avec Offshore et Proximus, et avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles, de MEDIA Développement et de la Région Limousin.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy