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IFFR 2017

Sans jamais le dire : une approche originale du thème du viol

par 

- Le premier film de Tereza Nvotová porte un regard perspicace et tranchant sur le très délicat sujet du viol

Sans jamais le dire : une approche originale du thème du viol
Dominika Morávková et Anna Šišková dans Sans jamais le dire

Le viol fait sans doute partie des sujets les plus tabous moralement, au cinéma : par rapport à la manière de le montrer, pour ce que le public s’habitue à voir dans les films, pour la manière dont sa compréhension de l’acte est conditionné par les normes sociales... En ce sens, le premier long-métrage de la Slovaque Tereza Nvotová, Filthy [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Tereza Nvotová
fiche film
]
, arrive à évoluer en terrain connu tout en mettant à l”épreuve les connaissances et perceptions des spectateurs en la matière, ce qui dépend aussi de leurs schémas culturels propres. Le film a fait son avant-première mondiale hors-compétition dans la section Bright Future du Festival de Rotterdam

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Lena (interprétée de manière convaincue et convaincante par la débutante Dominika Morávková) est une jeune fille de 17 ans de la classe moyenne qui vit à Bratislava avec sa famille. Sa vie est celle d’une lycéenne de son âge, avec ses rêves de grand amour et ses espoirs pour l’avenir, mais à peine a-t-on le temps de faire sa connaissance, et celle de sa mère (Anna Šišková), de son père (Luboš Veselý) et de son frère handicapé Bohdan (Patrik Holubář), qu’elle se fait violer chez elle par son tuteur en maths, Robo (Robert Jakab). 

Le contexte du viol est le problème central du film en termes de plausibilité. Il survient en effet en plein jour, alors que Bohdan (que Robo, qui lui donne des cours d’éducation physique en plus d’aider sa soeur en maths, vient de ramener à la maison) et la mère sont dans la pièce d’en face, mais c’est justement à des fins de démonstration que Nvotová utilise ce contexte. À la fin du film, on comprend que son argument est que le violeur est souvent quelqu’un qu’on connaît voire un proche. Cette circonstance additionnée d’une dispute entre la mère et Bohdan, de la peur de Lena, du fait que Robo est manifestement un prédateur sexuel expérimenté et de la tendance des familles à ne pas voir les problèmes de leurs adolescents (ce qui vaut également pour les drogues), et soudain la situation devient tout à fait concevable.

Après la tragédie, Lena se recroqueville jusqu’à n’en plus pouvoir. Elle fait alors une tentative de suicide qui l’amène dans un hôpital psychiatrique, aux côtés d’autres adolescents souffrant de toutes sortes de problèmes. Très vite, elle se sent suffoquée par cet environnement, un sentiment insupportable qui atteint son paroxysme quand la camarade de chambre de Lena se pend. Après un traitement par électrochocs (sur lequel le film insiste en guise de condamnation du système de santé slovaque et du manque de développement de son pays en la matière), notre héroïne est enfin libérée. Dans un premier temps, sa mémoire des faits semble avoir été efficacement occultée, mais bien sûr, les souvenirs finissent par ressurgir, encore plus durement.

Tout en restant d’une facture assez conventionnelle (le récit est linéaire, la photographie impeccable, le montage classique mais dynamique et engageant et la représentation des patients psychiatriques, naturaliste grâce à l’emploi de vrais jeunes pensionnaires d’établissements psychiatriques, ajoute à la valeur du film), Filthy présente un raccourci original et inventif vers une perspective nouvelle et raffraîchissante sur les relations familiales et autres cadres sociaux standard face au viol. La réalisatrice novice use d’un dispositif intéressant et elle le fait avec habileté et une étonnante confiance en soi. 

Filthy a été coproduit par la société slovaque BFILM avec la tchèque Moloko Film.

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(Traduit de l'anglais)

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