email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS Italie

Omicidio all’italiana : une comédie démente, mais pas tant que ça...

par 

- Maccio Capatonda propose un deuxième long-métrage qui ridiculise le goût malsain des gens pour les faits divers sordides et la spectacularisation de la douleur. Sortie en Italie le 2 mars, avec Medusa

Omicidio all’italiana : une comédie démente, mais pas tant que ça...
Maccio Capatonda (droite) et Herbert Ballerina dans Omicidio all'italiana

L’humour de Maccio Capatonda est beaucoup plus subtil que ses allures démentielles le laissent croire au début et si dans son premier long-métrage, Italiano medio [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, le réalisateur originaire des Abruzzes cédait par moments à la tentation de la vulgarité pour dépeindre les vices et vertus (mais surtout les vices) de son personnage dédoublé, son deuxième film, Omicidio all’italiana [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, est un petit chef-d’oeuvre de satire, un film actuel, lucide et bien ciblé, où tout est bien dosé.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Qu’ont les villages de Cogne, Avetrana et Novi Ligure (tristement connus des faits divers) que n’a pas Acitrullo ? Un mort, justement. Et c’est en y remédiant que Piero Peluria (Capatonda),  le maire de ce village fictif perdu dans les Abruzzes, croit pouvoir relever sa commune en déperdition, dont les habitants sont en train de fuir (il n’en reste plus que 16) parce qu’on ne peut pas y avoir de réseau wi-fi. Son plan est de mettre en scène, avec la complicité de son frère Marino (Herbert Ballerina), un faux meurtre qui va attirer l’attention des médias, et avant tout de l’émission de télévision très populaire sur les affaires criminelles que présente l’impitoyable Sabrina Ferilli. Le stratagème fonctionne : Acitrullo se retrouve d’un coup prise d’assaut par des nuées de journalistes en quête de scoops, de commissaires de police ambitieux et prêts à tout pour passer à la télévision (Gigio Morra), et surtout de tour opérateurs sans scrupules (dont Ninni Bruschetta dans un petit rôle très efficace) qui proposent des séjours all inclusive sur les lieux du crime.

Entre paradoxes, inepties, déguisements voyants et jeux de mots typiques de l’humour de Capatonda (son scénario, très précis, ne laisse rien au hasard), Omicidio all’italiana condamne un peu tout le monde, mais surtout le sensationnalisme qui donne la douleur en spectacle : “C’est un film sur le tourisme de l’horreur et sur l’attitude malsaine des gens qui visitent les endroits où ont eu lieu des crimes, explique Capatonda (de son vrai nom Marcello Macchia). L'idée m’en est venue sur l’île du Giglio (où le ferry Costa Concordia a fait naufrage, ndlr.), et puis j’en enquêté sur Cogne (où le petit Samuele Lorenzi a été tué en 2002, ndlr.). J’ai d’ailleurs écrit une partie du scénario sur place, à partir des maintes pistes que j’ai trouvées dans les témoignages des habitants”.

C’est un film fait “pour secouer les consciences”, explique le réalisateur. “Aujourd’hui, poursuit-il, on suit les faits divers comme si c’était de la fiction ou du sport”. À Acitrullo, c’est même pas un vote du public que le coupable doit être désigné, et les équipes de télévision mènent l’enquête avant les forces de l’ordre, polluant le théâtre du crime sans s’en soucier pour trouver le meilleur cadrage. De leur côté, les hommes politiques ne savent que dire des banalités. Omicidio all’italiana croque sans pitié une société en pleine débandade qui ne s’intéresse qu’au nombre de barres sur leurs téléphones, ne croit que ce que dit la télévision et accorde plus de valeur au récit qu’aux faits. C’est en quelque sorte la première comédie italienne sur la post-vérité. Finalement, celui qu’on va déclarer coupable est le personnage de Fabrizio Biggio (I soliti idioti [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
), parce qu’il y a un ton de peau légèrement plus sombre. La troupe comprend aussi deux actrices nominées aux David de Donatello : Roberta Mattei dans le rôle de la policière intègre (le seul personnage positif du film) et Antonia Truppo dans celui de la mère de famille assoiffée de sang.

Omicidio all’italiana, produit par Marco Belardi pour Lotus Production et Medusa (son distributeur italien), sort ce 2 mars dans 350 salles transalpines.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy