email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2017 Compétition

Foxtrot : une drôle de danse, à pas saccadés

par 

- VENISE 2017 : Le nouveau film de Samuel Maoz raconte trois histoires autour des thèmes des jeunes conscrits israéliens, de l’Holocauste et de la relation difficile du pays avec ses voisins

Foxtrot : une drôle de danse, à pas saccadés

Huit ans après Lebanon [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, qui se passait entièrement dans un tank et a été couronné par le Lion d’or, Samuel Maoz revient à en compétion à la Mostra de Venise avec un autre film chargé de tension, dans un espace réduit. Foxtrot [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Samuel Maoz
fiche film
]
raconte trois histoires autour des thèmes des jeunes conscrits israéliens, de l’Holocauste et de la relation difficile du pays avec ses voisins. À chaque section correspond un style de mise en scène spécifique. Le premier volet se passe dans un immeuble où l’atmophère est pesante, pleine de douleur, des parents vivant dans un des appartements ayant reçu la nouvelle de la mort de leur fils pendant son service militaire. Le deuxième récit, plutôt absurde et amusant, se passe à un checkpoint indéterminé, dans le désert, que quatre jeunes conscrits surveillent comme des chameaux tandis que passent des Arabes en voiture. Le ton de la troisième histoire est doux-amer, car on retrouve les parents du début occupés à se remémorer le passé en mangeant des gâteaux en pleine nuit.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Il faut avoir beaucoup d’ingéniosité pour combiner une obscurité à la Trois couleurs : bleu avec le ton absurde d’une comédie d’Aki Kaurismäki, mais Maoz se donne vraiment du mal pour montrer que même quand ses personnages vivent sous un nuage noir permanent, il y a aussi des moments de rire.

Lior Ashkenazi et Sarah Adler jouent les parents, Michael et Dafna, qui doivent accepter que leur fils est “tombé” dans le cadre de son service militaire bien qu’il n’y ait pas de corps et qu’ils se sentent frustrés par le manque d’information sur les détails du décès. Leur désorientation est bien rendue par le travail du chef-opérateur Giora Bejach, qui donne à cet appartement des allures de prison en tout, zoomant sur des dessins abstraits sur le mur et ensserrant les personnages dans des gros plans qui sont comme des camisoles de force.

Les dialogues sont chargés de critiques implicites sur l’États israélien, notamment dans la scène où la procédure qui entoure les funérailles d’un soldat est expliquée, scène où le gouvernement apparaît comme résolument plus concerné par son image que par le confort émotionnel des parents. Plus que patriotique, la conversation est tragicomique et insensible.

Pour l’histoire des quatre jeunes gens au checkpoint, Maoz use d’un humour décalé pour montrer combien leurs vies sont instables. Bien qu’ils s’ennuient, ils craignent que leurs vies ne s’achèvent d’un moment à l’autre. Ils passent le temps en jouant à un jeu qui consiste à faire une canette sur un sol en pente. Il y a dans ce volet des moments surréalistes de génie, comme cette scène de danse fabuleuse, où une démonstration de foxtrot sert de métaphore pour le cycle de la vie. Les images hyperréalistes servent à souligner le fait qu’on assiste ici à une réalité qui ne devrait pas être considérée comme normale. Les garçons se racontent des histoires sur leurs parents et grands-parents et derrière tout cela, comme si c’est là que tout avait commencé, c’est de l’Holocauste dont il est question, ce drame collectif ineffaçable qui régit toutes les vies qu’on voit là sur l’écran, là où tout commence et peut-être où tout finit. 

Maoz nous livre ici un film riche en bouleversants moments de pur génie, mais il tord aussi son récit dans tellement de directions différentes qu’il finit par perdre la main. Les changements de ton sont courageux mais pas toujours réussis, notamment dans la séquence animée qui retrace l’Holocauste, dont les images sont assez grossières. Pour être un des films les plus intrigants et ambitieux de l’année, Foxtrot s’avère par moments tout à fait irritant parce qu’on a l’impression que Maoz essaie trop souvent de tirer le tapis de dessous les pieds du spectateur, et qu’à d’autres moments, c’est le film lui-même qui trébuche, comme un danseur avec deux pieds gauches, dans ses propres plis, et avant tout le fait qu’il se repose trop sur les coïncidences. 

Foxtrot est une coproduction entre l'Israël (Spiro Films), la Suisse (Bord Cadre), l'Allemagne (Pola Pandora Filmproduktions) et la France (ASAP Films et KNM). Les ventes internationales du film sont gérées par The Match Factory.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy