13/09/2017 - TORONTO 2017 : La réalisatrice débutante Ása Helga Hjörleifsdóttir nous propose une adaptation du roman du même nom, une histoire fragile sur la maturité et l’exploration de soi dans la nature sauvage d’Islande

La réalisatrice, scénariste et monteuse Ása Helga Hjörleifsdóttir, qui a passé la plus grande partie de sa vie en dehors de l’Islande — son pays natal — a voyagé durant ses études, mais aussi pour réaliser des films. Son film de fin d’études, Love Story (2012, Columbia) a été présenté à de multiples festivals internationaux, dont celui de Clermont-Ferrand. Son court-métrage You & Me (2015) a également été applaudi. The Swan [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ása Helga Hjörleifsdóttir
interview : Thorvaldur Kristjánsson
fiche film] est le premier long-métrage d’Hjörleifsdóttir et a été présenté en avant-première mondiale à la section Discovery du 42^e Festival International du Film de Toronto.

Sól (Gríma Valsdóttir), une petite fille de neuf ans, est attrapée en flagrant délit de vol dans un magasin. En conséquence, elle est envoyée passer l’été à la ferme d’un lointain parent pour ‘’travailler et mûrir’’. Bouleversée par ses propres problèmes et l’exploration d’elle-même, Sól sera émotionnellement intriguée par Jón (Thor Kristjansson), un garçon beaucoup plus âgé qui écrit et travaille également à la ferme pour l’été. Les choses se compliqueront avec l’arrivée de la fille du fermier (Ingvar E Sigurðsson), Ásta (Þuríður Blær Jóhannsdóttir), qui étudie à l’étranger. Sól est désormais confrontée à plusieurs problèmes en même temps et se sent plus mature que jamais.

Le film est une adaptation du roman islandais très apprécié The Swan de Guðbergur Bergsson. Hjörleifsdóttir a suivi les personnages du livre de près lorsqu’elle a écrit le scénario. L’idée sur laquelle repose l’histoire est une pratique islandaise commune dans le passé – à savoir, contraindre un enfant à travailler dans une ferme. Cela était considéré comme une mise à l’essai, un test d’indépendance. Dans ce récit initiatique, Sól, brillamment interprétée par Valsdóttir, représente l’esprit jeune et libre exilé de son environnement côtier habituel au moment le plus critique de son adolescence, celui où elle devrait se découvrir. Elle se retrouve piégée dans un paysage immense, sauvage et peu attirant qui lui donne ce sentiment d’être plus isolée que jamais, en particulier lorsqu’elle est forcée de parler à ses proches. Sa beauté fragile et vulnérable contraste fortement l’environnement rigoureux et les lois de la nature. Alors qu’elle traverse cette épreuve difficile, elle réalisera que devenir adulte n’est pas simple et qu’elle doit y parvenir de la manière la plus difficile qui soit, en à peine un été.

Hjörleifsdóttir suit l’évolution de son héroïne en ajoutant au film des éléments de réalisme magique, que l’on retrouve également dans le livre. Elle observe ses faits et gestes de près, et la caméra tente de percevoir ce que Sól pense avant d’agir, sans troubler ses sentiments les plus profonds. Ses changements d’humeur constants et l’été nordique inhabituellement lumineux renforcent la fragilité de l’histoire et provoquent une sensation de réalité onirique qui domine presque l’atmosphère. Comme l’explique la réalisatrice, le livre pourrait être l’adaptation islandaise d’Alice aux Pays des Merveilles, mais The Swan, à travers son essence poétique et sensible, tente d’explorer la manière dont le vilain petit canard se transformera en un magnifique cygne sauvage. Néanmoins, ces étapes ne sont pas forcément en contradiction ; elles doivent coexister durant notre cheminement vers la maturité.

(Traduit de l'anglais)