email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS Slovénie / Autriche

The Family : un héros extraordinaire dans des circonstances encore plus extraordinaires

par 

- Ce magnum opus par Rok Biček est un chef-d’oeuvre de cinéma vérité sans compromis dont la réalisation a pris dix ans

The Family : un héros extraordinaire dans des circonstances encore plus extraordinaires

Le Slovène Rok Biček s’est fait remarquer sur la scène internationale dès son premier long-métrage, le docufiction L’Ennemi de la classe [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Rok Biček
interview : Rok Bicek
interview : Rok Bicek
fiche film
]
, lauréat du Prix FEDEORA après son avant-première mondiale à la Semaine de la critique de Venise 2013, après quoi le film a remporté 20 autres trophées ainsi qu’une nomination pour le Prix LUX. Il est sorti en France, en Suisse, en Italie et en Autriche.

À présent, Biček revient avec un documentaire de 104 minutes qu’il a mis dix ans à faire, The Family [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui a reçu un accueil triomphal lors de son avant-première à la Semaine de la critique de Locarno et vient de remporter le Vesna du meilleur long-métrage slovène de l’année au Festival du film slovène de Portorose (lire l’article).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

The Family raconte en fait histoire de trois familles tandis qu’on suit le parcours du personnage principal, Matej, de son adolescence à ses vingt ans et quelques. Au début du film, on voit sa petite amie Barbara donner naissance à leur fille, Nia. Hélas, leur relation amoureuse ne va pas tenir et Matej va bientôt quitter la maison du père de Barbara, Robi, où il habite. Biček ne fournit aucun élément de contexte pour son récit, et il ne laisse aucun indice sur l’époque et le lieu où il se déroule, de sorte que la première scène, qui montre l’accouchement en gros plan, puis la dispute entre Matej et Barbara, puis ses adieux avec Robi, nous ballottent entre des émotions dont on comprend mal les origines.

Le narrateur remonte ensuite le temps pour nous présenter Matej adolescent, quand il habitait avec son frère chez ses parents, affectés de déficiences mentales de même que le frère. Une longue scène en compagnie d’une assistante sociale nous permet même d’apprendre que contrairement au reste de sa famille, Matej n’a que des difficultés d’apprentissage et comportementales.

Biček nous fait ensuite faire route dans l’autre sens et on retrouve Matej à 22 ans alors qu’il a une nouvelle petite amie, qui a seulement 14 ans mais dont la mère, chez qui elle vit, ne voit aucune objection à ce que sa fille fréquente un garçon plus âgé. À côté de cette relation nouvelle, qui intègre Matej dans sa troisième famille depuis le début du film, son combat contre Barbara pour la garde de Nia devient sa préoccupation principale.

Matej est un jeune homme comme il y en a peu : gentil, charismatique, intelligent, têtu, quoique parfois troublé. À tel point qu’il semble être né dans sa vraie famille par accident, ce qui explique son besoin de se lier à d’autres familles et ses élans de nihilisme quand cela échoue – quand Barbara tombe enceinte de son nouveau petit ami, il envisage de se faire faire une vasectomie.

The Family est un documentaire d’observation composé uniquement de plans-séquences, ce qui permet à Biček et sa co-monteuse Yulia Roschina de n’intervenir que quand vient le moment adapté par rapport au parcours émotionnel qu’ils nous font faire – créant une attente qui peut parfois sembler trop longue au spectateur, mais finit toujours par se justifier. Ce dispositif dépouille le film de tout sentimentalisme et rappelle (de même que les conditions de vie difficiles qui hantent l’image et que le tableau des complications bureaucratiques typiques des services sociaux et des services de santé publique qui habite le récit) les meilleurs spécimens de la Nouvelle Vague roumaine, notamment 4 mois, 3 semaines et 2 jours [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cristian Mungiu
interview : Oleg Mutu
fiche film
]
. C’est un film dur qui donne au spectateur matière à réflexion, au-delà de toutes les émotions indistinctes qu’il éveille en lui. L’expérience est fatiguante par tous les éléments accumulés qui la composent, mais elle s’avère extrêmement gratifiante.

The Family a été coproduit par la société slovène Cvinger Film et sa branche autrichienne, Zwinger Film, avec la participation de la chaîne publique RTV Slovenija.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy