26/10/2017 - Toni Servillo incarne un commissaire qui enquête sur la disparition d’une fillette dans un petit village au coeur de la montagne

Toni Servillo et Jean Reno dans La ragazza nella nebbia

Suite à son incroyable succès (trois millions d’exemplaires de ses livres ont été vendus dans le monde), qui a fait de lui un des auteurs de thriller les plus appréciés d’Italie, Donato Carrisi lance sa carrière derrière la caméra avec La ragazza nella nebbia [+lire aussi :
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fiche film]. Medusa a lancé le film aujourd’hui dans 400 salles italiennes, après son avant-première mondiale au Festival de Rome. Le film est une adaptation libre par Carrisi de son best-seller du même nom (La Fille dans le brouillard en France). La ragazza nella nebbia rassemble beaucoup d’éléments emblématiques du film noir de ces 20 dernières années, s’inspirant de séries télévisées, des frères Coen, et du plus récent Snowman [+lire aussi :
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fiche film] de Tomas Alfredson, adapté d’un roman de Jo Nesbø, un autre maître européen du roman policier. Le film – tourné dans le Colorado et déjà vendu par Studiocanal en Espagne, en Allemagne, et en France – réunit tous les éléments nécessaires pour construire un thriller européen postmoderne parfait : un petit village perdu dans la montagne, une fillette disparue, de l’extrêmisme religieux, des suspects circonspects, des policiers locaux incompétents (affublés de bonnets en fourrure comme dans Fargo), un inspecteur sûr de lui, un avocat sans scrupules, un journaliste cynique et un petit garçon introverti qui n’est pas habitué à être sociable. Visuellement, on remarque l’addition de photos sur smartphones et des vidéos avec du grain, des plateaux à l’esprit des années 1980 et 1990, une photographie brumeuse et anamorphique à la verticale, et une bande originale composée d’un trio piano-violon-flûte.

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Le film s’ouvre sur la rencontre entre le psychiatre du village montagnard, Avechot (Jean Reno), et le commissaire Vogel (Toni Servillo), connu pour ses enquêtes et son amour des apparitions à la télé. Puis il y a un flashback : la jeune Anna Lou Kastner, dont les parents appartenaient à une communauté de fanatiques religieux, part de chez elle deux jours avant Noël et disparaît dans le brouillard, soi-disant enlevée par un assassin maniaque. Vogel se rend sur place pour enquêter, et amène les caméras de télé avec lui, dont la journaliste acharnée Stella Honer (Galatea Ranzi). Le premier suspect est un enfant turbulent, qui amène l’enquête sur la piste d’un charmant professeur de lycée bien sous tous rapports (Alessio Boni).

Donato Carrisi, adaptant son propre récit, semble avoir commis le même crime que certains de ses personnages : la vanité. Malgré tout, il semble jouer avec son propre rôle en tant que scénariste-réalisateur. Ne jamais surligner la violence et la noirceur, cela fait du mal au conte. On nous présente des vues du village idyllique en carton, en imitant les séries policières, mais aussi des livres de contes. En parsemant son film de commentaires ça et là ("c’est le méchant qui crée l’histoire", "le mal est le véritable mobile de toute affaire", et surtout "la première règle d’un bon romancier, c’est de copier les autres"), Carrisi découvre son style de réalisation. Faire sursauter le public ne semble pas l’intéresser, il préfère souligner l’aberration d’un système médiatique qui va détruire la vie d’un innocent. Il est très regrettable que le film se conclue sur une série de quasi-épilogues qui vont sans doute irriter jusqu’aux fans de la première heure des livres.

(Traduit de l'italien)