06/11/2017 - Le collectif de vidéastes Il Terzo Segreto di Satira passe du web au grand écran avec un film sur les compromis qu'on finit tous par accepter tôt ou tard dans la vie

Le passage du Web le grand écran n'est jamais une entreprise facile. Plusieurs l'ont tenté ces dernières années (Maccio Capatonda, The Pills, The Jackal…), produisant des résultats concluants, d'autres moins. Le premier film pour le cinéma du collectif de vidéastes Il Terzo Segreto di Satira, qui s'est fait connaître sur YouTube (12 millions de vues) s'inscrit dans la première catégorie.  Si muore tutti democristiani [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], présenté à la 12e Fête du Cinéma de Rome, dans la section Alice nella Città catégorie 16+, est un film avec une vraie structure, pas une succession de sketches, avec une bonne intrigue et de bonnes interprétations. Une comédie amère sur les compromis qu'on finit tous par accepter tôt ou tard dans la vie, et sur la facilité qu'il y a à dépasser ses idéaux quand des questions d'argent entrent en jeu.

Le coeur à gauche et le portefeuille à droite, dit-on souvent. Enrico (Walter Leonardi), Fabrizio (Massimiliano Loizzi) et Stefano (Marco Ripoldi) sont des trentenaires-quarantenaires, amis et associés au sein d'une petite société de production qui réalise des vidéos, surtout de mariages, qui naviguent comme ils peuvent entre les demandes absurdes de leurs clients et le peu d'argent qu'ils parviennent à gagner. Leur rêve est de se remettre à réaliser des documentaires à thématiques sociales (leur vraie vocation). L'occasion se présente quand une association, en la personne d'un "bénévole" ambitieux et irritant (Francesco Mandelli), leur propose une coquette somme pour réaliser des petits films en Afrique. Cela semble être enfin le tournant qu'ils attendaient : Enrico, qui attend un enfant avec sa compagne (Valentina Lodovini), va enfin pouvoir se permettre d'acheter un logement plus grand, et un parasol plus beau ; Fabrizio va enfin pouvoir démontrer à sa femme et à son riche entrepreneur de beau-frère qu'il n'est pas un bon à rien ; Stefano va enfin pouvoir grandir, aller de l'avant et arrêter de vivre comme un éternel étudiant.

Cependant, tout ne va pas aller comme sur des roulettes. Le contrat n'est pas encore signé que l'association est impliquée dans un scandale et finit sur tous les journaux, de sorte que nos héros sont confrontés à un dilemme épineux : accepter le travail ou pas ? Est-ce qu'il vaut mieux faire des choses justes avec de l'argent sale, ou des choses sales avec de l'argent propre ? Les positions de chacun des trois amis sont différentes et contradictoires, incertaines et mouvantes, et les auteurs du film (le collectif, composé de Davide Rossi, Andrea Mazzarella, Pietro Belfiore, Davide Bonacina et Andrea Fadenti, assistés par Ugo Chiti pour le scénario) utilisent l'arme dont ils savent le mieux se servir, à savoir la satire, pour évoquer l'immobilisme social et politique dans lequel nous vivons, la dégradation des valeurs de la gauche et la disparité entre ce que nous sommes jeunes et ce que nous devenons une fois adultes, quand vient le moment d'affronter la dure réalité de la vie. Un film sobre, en partie autobiographique (“on nous a fait une proposition similaire qui nous a fait discuter", reconnaissent les auteurs), amusant sans chercher à faire rire à tout prix, qui pointe tout droit  vers son objectif, avec le bon degré d'ironie : une petite grande surprise de la Fête du Cinéma de Rome 2017.

Si muore tutti democristiani, produit par Beppe Caschetto pour Ibc Movie avec Rai Cinema, avec Rita Rognoni (Pupkin Production) à la production déléguée, sortira dans les salles italiennes au printemps 2018, avec 01 Distribution.

(Traduit de l'italien)