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SÉVILLE 2017 Séance spéciale

Oro : la meute humaine

par 

- Agustín Diaz Yanes retrouve l’arène du cinéma espagnol avec un film historique ambitieux qui met en avant la misère et la violence d’un groupe de conquistadors en quête de l’Eldorado

Oro : la meute humaine
Luis Callejo, Raúl Arévalo, Antonio Dechent et Bárbara Lennie dans Oro

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, le nouveau film d’Agustín Diaz Yanes, était attendu avec une impatience hors-du-commun depuis l’annonce du projet. Celui-ci marque non seulement le retour derrière la caméra d’un des cinéastes espagnols les plus réputés, comme l’a démontré le succès de films comme Nadie hablará de nosotras cuando hayamos muerto, Sans nouvelles de Dieu ou encore Alatriste [+lire aussi :
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, mais aussi une nouvelle adaptation de l’oeuvre d’Arturo Perez Reverte, interprétée par une troupe d’exception qui comprend Raúl Arévalo, José Coronado, Juan Diego, Barbara Lennie, Anna Castillo, Andrés Gertrudix, Luis Callejo, Oscar Jaenada, José Manuel Cervino, Antonio Dechent et Juan José Ballesta. Le soutien d’un groupe média comme Atresmedia, et le soin qu’Enrique Lopez Lavigne, d’Apache Films, met toujours dans ses projets, laissaient entendre qu’on pouvait espérer quelque chose de très spécial. Et Oro tient sa promesse, sans être non plus un film confortable et commercial que le public va unanimement porter aux nues.

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Diaz Yanes, fils de toreros (ce qui était présent dans son premier film, cité plus haut), a fait pleinement confiance à son équipe pour que Oro ait l’emballage nécessaire à un film qui reconstruit une époque houleuse et mystérieuse : le directeur de la photographie Paco Femenía a donné au film une atmosphère humide et trouble, Javier Limón a composé des accords qui soulignent la tension irrespirable qui se dégage du film, le chef-décorateur Javier Fernandez a transformé la forêt des Canaries en cage étouffante, hostile et dense. Dans cette nature vierge, on suit un groupe de conquistadors espagnols qui se fraie un chemin comme un grand serpent humain, en quête de la cité d’or mythique.

Il s'agit d'un commando de soldats anonymes accompagné par deux femmes et quelques Indiens qui, par nécessité d'échapper à la misère en Espagne, se sont embarqués dans une expédition est aussi démentielle que chimérique. L’Église aussi les accompagne, de même qu’un représentant du roi qui prend des notes sur ce voyage au coeur des ténèbres. En chemin, la rage la plus crue et désincarnée va infecter le groupe, de plus en plus sale à chaque pas, non seulement à l’extérieur mais aussi dans leurs âmes.

Diaz Yanes ne lésine pas sur le sang ni sur la tristesse, dans ce film d’aventures qui transpire le malaise et la mélancolie, dans le contexte d’une époque suicidaire. L’intégrité a presque disparu des rangs : les personnages sont comme des loups enragés, mus par la mesquinerie, sans une once de noblesse. Et quand il s’agit de tuer un rival, ils n’hésitent pas à lever leur épée ou à sortir leur poignard en regardant leur ennemi dans les yeux. La violence est même tellement organique dans Oro que le spectateur en frissonne jusqu’aux tréfonds de son âme. Assassiner, violer ou refuser de prêter secours à quelqu’un d’autre nous paraît d’une brutalité inconcevable aujourd’hui, mais à l’époque de la conquête de l’Amérique, tout cela était monnaie courante. Ainsi, Oro a un ton inconfortable et âpre qui en fait un oiseau rare dans le panorama cinématographique actuel, une sorte de western boueux et crépusculaire qui dépeint la combien le genre humain peut être cruel et sans pitié. 

Oro a été produit par Apache Films, Atresmedia Cine, Virtual Contenidos, Áralan Films et Tezutlan Films AIE, avec la participation de Telefónica Studios et Canal Sur et avec le soutien de l’ICAA. Sortie espagnole le 10 novembre avec Sony.

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(Traduit de l'espagnol)

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