email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SÉVILLE 2017 Compétition

Penélope : l’art de l’attente

par 

- Le nouveau long-métrage d’Eva Vila est un poème évoquant librement le mythe homérique, tourné en milieu rural avec des acteurs amateurs, messagers d’un héritage sur le point de disparaitre

Penélope : l’art de l’attente
Ramón Clotet Sala dans Penélope

Eva Vila (Barcelone, 1975) a déjà remporté plusieurs prix grâce à son précédent film, Bajarí (2013), réalisé après B-Side : la cara B de la música en Barcelona et El espacio de uno mismo. Outre son travail de réalisatrice, elle enseigne le documentaire créatif dans le cadre d’un master à l’Université de Pompeu Fabra et a produit de nombreux films pour des réalisateurs tels que Isaki Lacuesta, Mercedes Álvarez et Ricardo Íscar. Son nouveau film, Penélope [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, a été présenté en avant-première mondiale à la Section Officielle du 14e Festival du cinéma européen de Séville, au côté d’un autre documentaire abordant le thème du temps et de l’héritage : El mar nos mira de lejos [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Manuel Muñoz Rivas
fiche film
]
, du Sévillan Manuel Muñoz Rivas.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Penélope, comme l’indique le titre, est une adaptation libre, sensorielle et poétique du mythe classique d’Homer, qui se déroule dans un décor rural charmant et quelque peu irréel grâce à son traitement formel, à la photographie et surtout, au son (le temps se perçoit vraiment) qu’Eva Vila a choisi pour accompagner le mode de vie d’une génération sur le point de disparaître. Pour ce faire, elle a exploité la sincérité de personnages/d’acteurs amateurs jouant leur propre rôle : Ramón Clotet Sala et Carme Tarte Vilardell. Sala incarne – ou s’impose tel qu’il est face à l’objectif de la caméra du directeur de la photographie Julián Elizalde – un homme qui retourne à son lieu d’origine. Vilardell, forte d’un siècle d’expérience, est l’une des rares couturières habitant encore dans les villages espagnols.

Tous deux vivent dans un endroit indéfini dans l’espace et dans le temps, donnant ainsi au film une atmosphère intemporelle – entre le rêve et la réalité – qui, par moments, rappelle la nostalgie des films de Víctor Erice : El espíritu de la colmena et surtout, El Sur. Le temps s’arrête dans ce documentaire dont le scénario a été écrit par Pep Puig. Le film se divise en chapitres, accompagnés d’une voix off féminine qui récite quelques fragments de L’Odyssée et des mélodies de la chanteuse Alejandra Barber, ponctuant un état anémique, fragile et atmosphérique, qui invite à l’art d’attendre.

Le son des cloches, le bruit de la nature, le tic-tac d’une horloge, le murmure d’une radio – qui transmet par la même occasion des informations sur la crise catalane actuelle et le programme mythique d’Elena Francis, El Consultorio – plongent le spectateur dans un non-espace-temps sensoriel. Le film réinterprète le mythe en y ajoutant un élément sceptique : l’homme qui est de retour n’a pas l’âme d’un héros, il est tombé dans l’oubli, portant sur ses épaules le poids du voyage. Et Pénélope ne cesse de coudre au fil des décennies qui passent...

Penélope est une production d’Araki Films (Espagne) et de Poland Studio (Pologne). Le film a reçu le soutien du programme Eurimages, et du ICEC (Institut Català de les Empreses Culturals), ICAA (Instituo de la Cinematografía y de las Artes Audiovisuales) et TV3 (Televisió de Catalunya).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy