email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2018 Un Certain Regard

Critique : Un grand voyage vers la nuit

par 

- CANNES 2018 : Bi Gan sculpte un film totalement hypnotique, dont la seconde partie en 3D et en un seul plan-séquence est époustouflante

Critique : Un grand voyage vers la nuit
Jue Huang dans Un grand voyage vers la nuit

Charles Gillibert et sa société parisienne CG Cinéma ont décidemment un sacré flair pour s’associer à de jeunes auteurs très originaux. La preuve en est cette année au 71e Festival de Cannes avec Yann Gonzalez en compétition, mais aussi avec la coproduction du cinéaste chinois Bi Gan, âgé de 28 ans et révélé à Locarno en 2015 (avec Kaili Blues, prix du meilleur réalisateur émergent) dont le second long métrage, Un grand voyage vers la nuit [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, a littéralement ensorcelé les spectateurs de la sélection Un Certain Regard. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

"Ceci n’est pas un film en 3D, mais veuillez suivre notre héros pour savoir quand mettre vos lunettes". D’emblée, le film annonce une identité très atypique qui se concrétisera plus d’une heure plus tard quand le personnage principal Luo Hongwu (Jue Huang) entrera dans une salle de cinéma et se saisira à l’intérieur du récit des fameuses lunettes, donnant le top départ d’une bonne heure de voyage cinématographique hallucinant en un seul plan séquence subjuguant sous le signe de "L’incantation qui fait tournoyer la maison". Une formule pouvant sembler énigmatique et qui l’est, car l’ensemble du film baigne dans un onirisme hypnotique, entrelaçant les rêves, les souvenirs et les rencontres autour d’une enquête flottante à des fins de vengeance, et rendue à dessein quasi incompréhensible (et peu importe vu l’objectif d’envoûtement du film). 

Plantée dans une ambiance à la Wong Kar-wai, la première partie du film voit notre héros revenir dans sa ville de Kaili car il recherche l’assassin de son ami Le Chat, mais aussi la femme qu’il a jadis aimée. Trouvant en cours de route des indices (un caché dans l’horloge brisée dont il hérite de son père décédé, un autre étant un mystérieux livre vert dont il est en possession et qui recèle la fameuse incantation), notre héros se retrouve notamment dans des maisons inondées, dans un réservoir et enfin dans un tunnel qui le fera passer dans une autre dimension encore plus fantasmagorique où le spin d’une raquette de ping-pong le fera s’envoler avec Wan Qiwen (Wei Tang), la femme dont il a croisé la route et qu’il va suivre pour la séduire dans un univers nocturne d’escaliers enchevêtrés, de flammes qui indiquent le chemin, de rencontres bizarroïdes, d’éphémère qui fusionne avec l’éternité. Un résumé de l’intrigue purement arbitraire et qui n’engage que l’auteur de ces lignes car on baigne plutôt dans du Lewis Caroll chinois sous influence Hou Hsiao-hsien version champignon hallucinogène. En bref, un cinéaste poète de première force et une expérience cinématographique à ne pas manquer même s’il faut attendre la seconde partie (ce qui précède frôle parfois la catalepsie) pour vivre un décollage ô combien impressionnant et irrésistiblement hypnotique.

Produit par la Chine et coproduit donc par CG Cinéma, Un grand voyage vers la nuit est vendu à l’international par Wild Bunch.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy