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DOKUFEST 2018

Critique : Taurunum Boy

par 

- Jelena Maksimović et Dušan Grubin explorent l'arrivée à l'âge adulte et la masculinité dans la municipalité de Zemun, à côté de Belgrade

Critique : Taurunum Boy

La perception des locaux par rapport à la municipalité de Zemun, à côté de Belgrade, est assez divisée. Pour certains, la bourgade fait partie de la métropole, mais les résidents de Zemun, de tendance patriote, ne sont pas d'accord avec cette idée : pour eux, Zemun est une ville séparée qui a beaucoup de différences (historiques, culturelles, en termes de style de vie) avec la capitale serbe. Le chef-opérateur Dušan Grubin (qui a notamment filmé Blackness et Afterparty de Luka Bursać) et la monteuse Jelena Maksimović (Mother [+lire aussi :
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d'Ognjen Glavonjić), tous deux natifs de Zemun, se sont inspirés de leur ville pour co-réaliser ensemble leur premier long-métrage, le documentaire Taurunum Boy [+lire aussi :
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, dévoilé à la 17e édition de DokuFest.

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Le titre est un élégant exemple de fausse indication poétique : la locution Taurunum Boy désigne les supporters de l'équipe de football locale plus que la ville elle-même, même si Taurunum est l'ancien nom latin de Zemun – comme le soulignent Maksimović et Grubin dans la poétique séquence d'ouverture, qui montre le stade et les fans qui l'emplissent petit à petit pour voir le match, tandis que les hauts-parleurs annoncent un à un les noms des joueurs. Plus tard, la caméra contemple longuement les visages de plusieurs supporters adolescents, futurs héros du film – c'est-à-dire qu'on n'a pas ici qu'un seul garçon comme personnage central (quoique l'un d'eux soit effectivement plus au centre du parcours émotionnel du film), mais une bande de camarades d'école.

Le football fait tout simplement partie de leur culture. On les voit aussi faire du sport, traîner ensemble en public ou dans des lieux abandonnés (un bateau rouillé sur la rivière, des usines désaffectées), participer à des fêtes de famille et vivre leur dernier voyage du collège avant qu'ils ne soient séparés dans différents lycées. L'été approche, amenant avec lui la menace que leur amitié ne survivra pas tandis que l'âge adulte arrive à grand pas. Tous sont en pleine croissance, physiquement et émotionnellement, et plus ça va, plus ils sont désorientés quant à ce qu'ils sont et ce qu'ils voudraient être, et plus ils sentent la pression qui vient de leurs parents, de l'école, de leurs camarades, et plus ils essaient de répondre aux standards de coriacité et de machisme qu'on leur impose au niveau national et local.

Le sujet de la masculinité au bord de l'âge adulte et des attentes perçues par rapport à cela est universel, mais Maksimović et Grubin parviennent bien à le développer dans ce contexte local. Depuis des décennies, Zemun a mauvaise réputation du fait de son taux de criminalité élevé. Dans cette ville, être un dur et supprimer ses émotions restent des priorités culturelles. Cependant, dans le film, les jeunes (des garçons surtout, mais pas exclusivement) ne sont pas dépeints comme une bande de futurs délinquents : ils ont un côté uniforme, dans une certaine mesure, car ils portent des vêtements similaires, sont coiffés pareil et arborent la même désinvolture, mais ils sont aussi sensibles, ouverts, parfois drôles et somme toute assez normaux. On voit que les co-réalisateurs ont su gagner leur confiance et faire en sorte qu'ils se livrent ouvertement et soient eux-mêmes devant la caméra.

Naturellement (de la part d'un chef-opérateur et d'une monteuse), la photographie est excellente et le rythme (de l'alternance entre les plans fixes éloignés et les gros plans gentiment mouvants) permet efficacement de faire de Taurunum Boy à la fois un documentaire d'observation et une expérience émotionnelle. Les choix musicaux, qui vont de la pop-folk locale au hip-hop en passant par la dance des années 1990, sont colorés et contribuent fortement au style du film.

Taurunum Boy a été produit par ENFM avec le soutien de Film Center Serbia (FCS) et Visions Sud Est. Le film n'a pas encore de distributeur à l'international.

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(Traduit de l'anglais)

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