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TORONTO 2018 Contemporary World Cinema

Critique : Core of the World

par 

- TORONTO 2018 : Ce nouveau film de Natalia Meshchaninova, qui frôle le réalisme magique, est le portrait tout naturellement captivant d'un héros peu conventionnel brillamment incarné par Stepan Devonin

Critique : Core of the World
Stepan Devonin dans Core of the World

Natalia Meshchaninova, née à Krasnodar, avait dévoilé son premier long-métrage, The Hope Factory (2014), au Festival de Rotterdam, après quoi il a reçu de nombreux prix en Russie. Elle est aussi la co-scénariste d'Arrhythmia [+lire aussi :
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 de Boris Khlebnikov (2017) ainsi que d'Anna’s War [+lire aussi :
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d'Aleksey Fedorchenko (2018). Son deuxième long-métrage, Core of the World [+lire aussi :
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, qui a eu le Grand Prix à Kinotavr, a fait son avant-première internationale dans la section Contemporary World Cinema du 43e Festival de Toronto.

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Dans un endroit isolé en pleine campagne russe, Egor (Stepan Devonin) travaille comme vétérinaire dans un centre d'entraînement pour chiens de chasse. Il vit dans une petite grange à côté de la maison de son patron Nikolai (Dmitriy Podnozov). En plus d'entraîner les chiens, Egor doit aussi laver leurs niches, protéger le centre contre les actions des activistes environnementaux et superviser tout le fonctionnement quotidien de l'élevage. Le lieu abrite plusieurs autres animaux, principalement des renards et des blaireaux, utilisés comme proies. Quand une chienne blessée lui est amenée par son "maître", Egor décide de la soigner, en dépit des objections de Nikolai. La guérison va être lente, mais il est déterminé à la sauver. Comme il se sent mieux parmi les animaux que parmi les humains, Egor fait son possible pour éviter de croiser la famille de son patron et sa fille Dasha (Jana Sekste), mère célibataire. Il reste aussi près d'eux que nécessaire, tout en maintenant ses distances et en faisant le maximum pour gagner leur respect.

Meshchaninova présente ici un film fort et captivant qui frôle le réalisme magique. Core of the World parvient à rester une analyse de l'esprit humain par l'observation. Le film explore le besoin d'appartenir et d'être accepté. Egor est le produit d'une société cruelle, post-humaine. Élevé par une mère alcoolique, qui l'a ensuite abandonné, il répugne à intégrer une autre famille problématique : Nikolai est un mauvais exemple de figure paternelle (il boit lui aussi) et Dasha, pourtant attiré par Egor, fait peur au vulnérable vétérinaire. La peur justifiée qu'a ce dernier des êtres humains, qu'ils considèrent comme des traîtres, l'amène à faire davantage confiance à ses instincts animaux. Il se conduit en fait comme un Mowgli des temps modernes, à l'âge adulte. En évitant de partager ses biens et ses sentiments avec ses "maîtres", Egor cherche à avoir des interactions sans les vrais liens émotionnels qui vont avec. Il voudrait être un membre, voire même le meneur, de la meute et être accepté dans ce rôle, malgré son caractère apparemment brutalement franc. En restant fidèle à lui-même et à ses croyances, Egor suit sa propre route, même s'il ne sait pas où elle va le mener.

Forte de son expérience solide dans le documentaire, Meshchaninova évite de faire une psychanalyse de son héros qui passerait par une dramatisation excessive. Elle suit ses gestes, filmés par le chef-opérateur Evgeny Tsvetkov, et parvient à se mettre dans sa peau pour dépeindre ses combats intérieurs. Egor voudrait être libre de son passé difficile, mais il a peur du futur. Tandis qu'il se bat pour guérir de ses blessures, comme son nouveau chien, il s'en sert aussi comme un refuge. Sa vie est un éternel entre-deux, mais dans les tréfonds de son subconscient, il aime en fait cette insécurité. Cet affreux centre d'entraînement pour chiens est sa forteresse, le vrai centre de son monde.

Core of the World a été scénarisé par la réalisatrice avec son mari et acteur Devonin, avec la participation de Khlebnikov. Devonin intègre à son personnage beaucoup d'éléments personnels (il a été formé comme vétérinaire et adore les animaux). Sa performance, captivante et très naturelle, pour laquelle il a perdu 30 kg et gagné un prix à Kinotavr, lui permet de nous livrer un portrait extraordinaire et très naturel de ce personnage peu conventionnel qui ne cadre pas avec les normes de la société moderne.

Core of the World est un titre russe et lituanien produit par Sergey Selyanov et Natalia Drozd de CTB Film Company avec Dagnė Vildžiūnaitė de Just a Moment. Les ventes internationales du film sont gérées par la société française Indie Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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