email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LONDRES 2018

Critique : Sometimes Always Never

par 

- Ce premier film de Carl Hunter, scénarisé par Frank Cottrell-Boyce, est une oeuvre pleine de style sur le deuil, la famille… et le Scrabble

Critique : Sometimes Always Never
Bill Nighy dans Sometimes Always Never

Le titre du premier long-métrage de Carl Hunter, Sometimes Always Never [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, se réfère à la règle qui préside au boutonnage d'une veste de costume à trois boutons : le bouton du haut parfois, le bouton du milieu toujours et le bouton du bas jamais. Le port de costume, notamment du trois-pièces est pour beaucoup de gens, aujourd'hui, réservé aux grandes occasions, et beaucoup de gens ignorent cette règle. Alors que pour certains, elle peut sembler futile et excentrique, pour d'autres, elle est sacro-sainte. C'est la ligne de partage entre ces deux catégories de gens qui sépare les personnages Sometimes Always Never,qui a fait son avant-première mondiale au Festival de Londres, dans la section Laugh.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le souci irrépressible de toujours faire les choses comme il se doit est un des traits de la personnalité d'Alan (Bill Nighy), un tailleur veuf. Le fait que le monde ne soit pas toujours de son côté sur ce point l'a amené à vivre une vie torturée qui le rend de plus en plus irritable. C'est aussi la source de la grande douleur que le parfait gentleman porte en son cœur : avant que l'action du film ne commence, son fils aîné est parti précipitamment de chez eux à cause d'une dispute survenue pendant une partie de Scrabble. Depuis, personne de l'a vu, et il a été déclaré présumé mort. Alan n'aurait-il pas pu être un peu plus souple sur les règles à suivre ? 

L'état de désarroi psychologique du personnage est posé dès la première scène, où on le découvre dans sa parfaite élégance, sous un parapluie, sur une plage du nord de l'Angleterre fouettée par le vent, le regard tourné vers la mer. La pose est si typique de Nighy qu'on a du mal à imaginer qu'un autre acteur que lui ait pu s'acquitter de ce rôle.

Le réalisateur, Carl Hunter, a été bassiste pour le groupe de pop indé britannique The Farm, et c'est lui qui s'est occupé de l'image visuelle du groupe, dessinant les pochettes et posters, où il montre un penchant évident pour les couleurs vives ainsi que les dessins audacieux et rétro. Les chansons du groupe parlaient beaucoup de communauté et de fraternité, de sorte qu'on est pas surpris que le trait le plus saillant de son premier long-métrage soit les décors et que la réalité augmentée fasse partie de l'histoire : il y a ici des mots écrits sur des brosses à dents, des projections pendant les trajets en voiture et des décors à la peinture. Si ce style farfelu et fantaisiste évoque un peu Wes Anderson, toutes les références du réalisateur semblent être britanniques, et se situent entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. 

L'intrigue suit Alan et son deuxième fils, Peter (Sam Riley), tandis qu'ils se lancent dans un voyage en voiture pour essayer de réparer leur relation à eux deux, mise à mal par le fait qu'ils ne réagissent pas de la même manière au deuil. On les a appelés pour identifier un corps, mais est-ce que cela les aiderait vraiment, d'avoir le fin mot ?, et la vérité admise selon laquelle "le plus dur est de ne pas savoir" est contredite par l'idée que "l'espoir est le meilleur des amis". Le temps et l'espace semblent ici un peu décalés, par les décors mais aussi la photographie de Richard Stoddard, qui reflète l'état d'esprit d'Alan et le fait qu'il n'arrive pas à aller de l'avant dans la vie et continue d'être maniaque quant à l'apparence à donner aux choses. Le scénario de Frank Cottrell-Boyce (24 Hour Party People [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
), avec lequel Hunter a collaboré sur l'écriture du drame social Grow Your Own (2007), est inférieur aux visuels, et l'accent est mis sur la mélancholie et l'humour aux dépens d'un récit solide qui guiderait le film, mais cela n'affecte pas trop gravement l'ensemble car Sometimes... est une oeuvre sur les émotions, pleine de coeur et de compassion, à laquelle on prend souvent plaisir. 

Sometimes Always Never a été produit par Hurricane Films (Royaume-Uni) et Goldfinch Studios (Royaume-Uni). Les ventes internationales du film sont assurées par la société canadienne Double Dutch International.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy