Critique : That Time of Year
par Fabien Lemercier
- La Danoise Paprika Steen réalise et interprète une très efficace comédie familiale douce-amère sur le sujet universel de la célébration de Noël
Quand votre "vieille" mère vous laisse un message, alors que vous n’êtes même pas encore de retour de vos vacances d’été, pour savoir où et comment va s’organiser cette année le Noël familial, vous savez d’ores et déjà que l’événement risque de charrier son lot de pesanteurs. Tel est le sujet éminemment universel, au croisement potentiel de la comédie et du drame, que l’actrice danoise Paprika Steen a choisi pour That Time of Year [+lire aussi :
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fiche film], son 3e long de réalisatrice, 11 ans après With Your Permission [+lire aussi :
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fiche film]. Dévoilée à Toronto (dans la section Contemporary World Cinema), succès en cours au box-office de son pays et présentée au programme Playtime du 10e Les Arcs Film Festival, cette immersion de 24 heures au cœur d’un événement ritualisé quasi inévitable où la moindre inflexion peut faire resurgir de profonds antagonismes, surfe donc sur un terrain d’archétypes et d’identification très balisé, mais avec suffisamment d’adresse, de tendre ironie et de qualité d’interprétation, pour s’affirmer comme une œuvre plus fine et plus aboutie qu’une traditionnelle comédie de Noël.
Après une succession de neuf messages téléphoniques ouvrant très efficacement le film en prologue avec des embryons d’informations sur ses principaux personnages, l’intrigue démarre au matin du 24 décembre dans la cuisine de Katrine (Paprika Steen) et Mads (Jacob Lohmann), couple toujours amoureux et parents heureux de deux enfants : le jeune Jeans-Peter (Mikas Maximus Dalhoff Christiansen) et l’adolescente en crise Maria (Fanny Leander Bornedal). Sont attendus pour la soirée la génération des grands-parents : les divorcés Gunna (Karen-Lise Mynster) et Poul (Lars Knutzon) du côté de Katrine, et le solide et discret duo Marianne (Bodil Lassen) - Eigil (Hans Holtegaard) pour Mads. S’y ajoutent la sœur de Katerine, Barbara (Sofie Grabøl), son conjoint Torben (Lars Brygmann) et leur tyrannique fils Adam (Sofus Sondegaard Mikkelsen). Font faux bond au dernier moment la nouvelle compagne de Poul et sa fille, mais des invités surprise vont surgir : la troisième sœur, Patricia (Patricia Schumann), accompagnée par son nouveau compagnon Bo (Jakob Randrup) et la très jeune fille de ce dernier Lea (Troja Reppien Trovatten). Ce sont donc 14 personnages autour desquels s’articule une nuit riche en événements et en rebondissements souvent amusants, les traits de caractère et travers des uns et des autres, le passé commun, les agacements et jalousies, l’amour et les regrets, les secrets, l’hypocrisie et les révélations, les vieilles blessures et les réconciliations, les sermons, les chansons et les cadeaux, donnant du grain à moudre (avec une bonne dose d’alcool pour attiser les flammes et une tempête de neige dehors pour bloquer tout le monde sur place) au très solide scénario écrit par Jakob Weiss. Et évidemment, rien ne sera comme il semble au premier abord…
Sans pour autant révolutionner le genre, That Time of Year se révèle un film très agréable, jouant avec les clichés sans renoncer à un minimum de complexité psychologique et abordant son sujet par le biais de la comédie (qui touche souvent sa cible) tout en traitant avec justesse bon nombre de thèmes "sérieux" (qu’est-ce qu’une famille aujourd’hui ? Quelle éducation pour les enfants ? Quelle estime de nous-mêmes avons-nous au-delà du miroir social ?) à travers un microcosme danois qui peut résonner partout ailleurs. C’est sans doute cela, la magie de Noël…
Produit par Nordisk Film Production, That Time of Year est vendu à l’international par TrustNordisk.
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